par Vallard, Annabel
Editeur scientifique Anstett, Elisabeth;Gelard, Marie-Luce
Référence Les objets ont-ils un genre ? Culture matérielle et production sociale des identités sexuées, Armand Colin (Recherches), Paris, page (105-120)
Publication Publié, 2012
Partie d'ouvrage collectif
Résumé : Premières lignes :Pour être femme, tu dois te comporter convenablementTes cheveux peignés méticuleusement ; ta jupe, dans un rabat, ajustée soigneusement*Son tissage, lâche, le tissu ne vaut pas d’être donnéDes vers à soie élevés, ne reconnaissant ni les éveillés, ni les endormisUne telle fille n’est pas bonne à marierDe ces deux maximes tai, qui sont des exemples parmi de nombreux autres d’une littérature orale et écrite particulièrement riche sur le lien essentialisé associant d’une part femmes et tissu et d’autre part femmes et tissage, émerge d’emblée l’idée qu’être femme est, dans cette région, non seulement lié à une présentation de soi qui se traduit par un soin du corps et par le port adéquat de certains attributs vestimentaires, mais aussi, dans le même temps, par la capacité d’assurer de bout en bout la réalisation d’un textile propre à être échangé dans le cadre de prestations sociales, notamment matrimoniales. En partant d’une ethnographie fine, je propose d’explorer la manière dont la jupe tubulaire participe, en tant qu’objet technique à priori doublement « genré », tout à la fois dans son processus de fabrication et dans son usage, de la construction de soi, de la transformation de néophytes en tisseuses émérites, de petites filles en femmes. Il s’agira de tester l’hypothèse selon laquelle utiliser un tissu et le fabriquer subjective différemment les femmes révélant le potentiel éminemment protéiforme, fluide et instable des relations entretenues entre les humains et les objets techniques d’un certain genre....