Résumé : Être sans papiers aujourd’hui en Europe implique non seulement de vivre dans une grande précarité matérielle, mais également d’être privé de toute reconnaissance sociale. Cette reconnaissance est pourtant indispensable afin de pouvoir développer et maintenir une identité positive, et donc une estime de soi satisfaisante. Dans cet article, nous examinons en quoi l’implication active de certains sans-papiers dans des actions collectives – en l’occurrence, des occupations d’églises à Bruxelles – peut contribuer à leur permettre de faire face à ces atteintes identitaires. Nous rendons compte d’entretiens menés auprès de personnes sans-papiers afin d’illustrer la pertinence d’une approche des mouvements des sans-papiers en tant que lutte pour la reconnaissance (Honneth, 2002) et que stratégies collectives visant à faire face à une identité sociale négative (Tajfel et Turner, 1986). Il en ressort que ces actions collectives ont aidé les personnes impliquées à recouvrer une image positive d’elles-mêmes grâce, d’une part, à l’établissement de liens sociaux entre les sans-papiers et, d’autre part, grâce à la reconnaissance sociale dont ce groupe a pu bénéficier de la part de citoyens de la société belge.