par Roig, Audrey
Référence (4-7 juillet 2012: Université Lumière Lyon 2), 3e Congrès Mondial de Linguistique Française, SHS Web of Conferences, page (2415-2432)
Publication Publié, 2012
Publication dans des actes
Résumé : La corrélation, à envisager comme la mise en relation de deux séquences où l'une suppose l'autre et réciproquement, peut revêtir plusieurs formes en français contemporain. À côté de tournures particulières en ce qu’elles ne présentent à priori pas de marqueur corrélatif, il est possible de corréler deux séquences par le recours précisément à des termes corrélatifs, tels que : (a) des connecteurs primaires ou secondaires fonctionnant en marqueur unique (à mesure que, comme, ainsi que, en corrélation avec, parallèlement,...) ; (b) des connecteurs primaires ou secondaires non identiques fonctionnant en marqueurs doubles (autant...que, aussi...que, plus...que, non seulement...mais, l’un...l’autre,...) ; (c) des connecteurs primaires ou secondaires identiques fonctionnant en marqueurs doubles (ni...ni, plus...plus, autant...autant, soit...soit, tantôt...tantôt, tel...tel,...). Dans le cadre de cette contribution, seule la catégorie (c) retiendra notre attention. Elle regroupe les corrélatives isomorphes (CI), soit les structures dont les prédications sont ouvertes chacune par un "même" marqueur corrélatif (ou un corrélatif de sens contraire). Au sein de cet ensemble relativement hétérogène, deux familles sémantiques peuvent être identifiées : les CI alternatives (soit...soit, tantôt...tantôt,... ; Charaudeau 1992, Guiraud 2008, Grevisse & Goosse 2011, Mouret à paraitre), et les CI proportionnelles (plus...plus, autant...autant,... ; Allaire 1982, de Cornulier 1988, Riegel et al. 2004, Sanchez Lopez 2010), abrégées CIP. Seul ce deuxième ensemble de CI sera abordé dans cette communication, ensemble qui, au demeurant, parait constitué tantôt de structures verbales, tantôt de constructions averbales. Si les CIP verbales et averbales sont souvent traitées pêlemêle, nous verrons néanmoins, après étude des propriétés respectives des deux constructions, que les averbales ne sauraient être les dérivées syntaxiques des verbales. Le rattachement des averbales aux verbales du type "Plus il mange, plus il grossit" est en effet une pratique tentante mais erronée en réalité, étant donné que les deux types de CIP n’ont pas bénéficié du même processus de grammaticalisation. Ainsi, alors que le terme placé en tête de prédication dans les CI verbales prend la forme d’un adverbe corrélatif de quantité ou d’intensité, dans le cas des averbales, "plus", "moins", "autant", etc. constituent avec l’adjectif quantifiant auquel il a fini par s’associer, un adjectif quantifiant complexe, au même titre que "beaucoup de", "pas de", etc. Par le phénomène de grammaticalisation, l’adverbe y a donc délaissé son statut de marqueur corrélatif. Les CIP averbales se particulariseraient dès lors par une simplicité morphosyntaxique accrue par l’absence physique de tout marqueur corrélatif.