Résumé : Ips typographus est le ravageur le plus important des forêts européennes. Son hôte principal est l’épicéa, et en conditions endémiques il s’attaque à des arbres affaiblis ou des chablis. A la suite d’une catastrophe naturelle, comme une tempête ou une sécheresse prolongée, l’abondance de ressources peut mener à une explosion démographique, qui dépasse alors le seuil épidémique. Les attaques sont tellement nombreuses que les scolytes viennent à bout des défenses des arbres sains, et les tuent. L’importante capacité de dispersion de cet insecte est une adaptation essentielle à la découverte de ressources potentielles, disséminées dans le temps et l’espace. A l’émergence, les insectes vont alimenter un réservoir de population formé au-dessus du paysage par l’apport de multiples sources. Ce travail vise à mieux comprendre deux aspects complémentaires de la migration : • La dispersion à longue distance, grâce à l’analyse de la structure spatiale du réservoir, qui s’amenuise progressivement avec la distance aux sources. L’approche expérimentale est l’établissement d’un transect de 150 km entre la zone endémique, Bouillon, et une zone dépourvue d’épicéas, la Champagne. Les captures réalisées le long de ce transect montrent que le réservoir est capable de s’avancer bien au-delà de la zone endémique, et de se concentrer localement au niveau de peuplements isolés. • La dispersion à courte distance, en l’absence de réservoir local. A cette fin, une expérience de lâcher-recapture d’individus marqués a été réalisée dans une zone dépourvue d’épicéas : la Forêt Domaniale de la Perthe, en Champagne-Ardenne. Les résultats de recapture montrent que la dilution des individus émergeant d’une source unique est très rapide, et qu’en l’absence de réservoir, la colonisation de nouvelles ressources est certainement impossible. En outre, l’étude de l’effet du vol sur les réserves adipeuses a été réalisée au moyen d’un moulin de vol. Cette expérience a montré qu’un vol de moins de 5 km n’entame pas les réserves lipidiques.