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Résumé : Notre réflexion est partie du constat que la thèse de la « déformalisation », souvent énoncée de manière générale, ne s’appuyait pas toujours sur une base empirique déterminée. En l’occurrence, on a choisi de confronter cette thèse à la jurisprudence de la Cour internationale de Justice, souvent considérée comme une expression particulièrement autorisée du droit international existant. Au vu des éléments que nous avons pu récolter, il apparaît que le formalisme reste un cadre de référence qui structure et détermine, si pas la décision judiciaire en tant que telle, en tout cas la motivation énoncée dans le discours du juge international. Dans certains cas, on peut même constater que le formalisme paraît offrir une stratégie permettant à la Cour d’éviter d’assumer des choix délicats, en raison du contexte politique dans le cadre duquel elle est saisie. Plus largement, cette prégnance d’un discours formaliste peut s’expliquer par plusieurs facteurs, liés en partie à une transposition en droit international des théories wébériennes de la légitimité d’un « droit formel rationnel » dans une société libérale, en partie de la situation particulière de la Cour internationale de Justice et de la culture juridique commune de ses membres.