par Maes, Renaud David ;Sylin, Michel
Référence XIIIes Journées Internationales de Sociologie du Travail MESURES ET DÉMESURES DU TRAVAIL(13: Bruxelles), XIIIes Journées Internationales de Sociologie du Travail - MESURES ET DÉMESURES DU TRAVAIL, Metices-ULB
Publication Publié, 2012-01-24
Publication dans des actes
Résumé : Partout en Europe, les institutions d’enseignement supérieur développent des stratégies de « Lifelong Learning ». La reconnaissance d’acquis professionnels, qu’elle s’opère par l’admission à un cycle d’études ou par l’octroi de (partie de) diplômes, est un élément-clé de ces stratégies. Ce faisant, elles repositionnent ces institutions par rapport au « monde du travail » en les amenant à évaluer les « acquis » du travailleur, issus de sa pratique professionnelle. En analysant le discours d’acteurs impliqués dans la conception des dispositifs de valorisation et de validation des acquis de l’expérience en Communauté française de Belgique et en France, nous montrons que l’évaluation d’acquis professionnels à et par l’université – qu’elle se fonde sur des « référentiels de compétences », sur des « portfolios » comprenant lettre de motivation et preuves formelles, ou plus simplement, sur des entretiens – s’inscrit dans une logique méritocratique liée à l’idée d’une maximisation du rendement individuel et procède d’une réhabilitation du travail-peine. Sur base de témoignages d’anciens candidats, nous montrons ensuite que ce processus, qui prend sens dans des politiques globales d’individualisation des parcours de formation (et non d’étude), contribue à justifier l’individualisation des relations salariales et, parce qu’il donne une « valeur » (un diplôme, des crédits) à des « acquis professionnels » (qu’on les nomme « compétences », « savoirs et savoirs-faire » ou « aptitudes ») , participe du mythe d’une « juste mesure » du travail. En conclusion, nous étudions les tentatives récentes de mise en correspondance des systèmes de « crédits » de l’enseignement (ECTS) et de la formation professionnelle (ECVET), qui servent tous deux à quantifier les « acquis » que le travailleur retire de sa pratique. Nous suggérons que la compatibilité voulue par les promoteurs de ces systèmes n’est pas anodine au regard de l’ambition de « quantifier » le travail et plus encore, de mesurer une « efficacité au travail ».