Résumé : En avril 2013, les professeurs Jean-Pierre Hardenne et France Vanlaethem ont fait don aux Archives et Bibliothèque d’Architecture de l’ULB d’un fonds d’archives concernant leurs années d’études à La Cambre durant les années 1965-1970. Ce fonds, qui rassemble la quasitotalité de leurs projets d’atelier ainsi que les syllabus et leurs notes de cours, constitue un témoignage riche et précieux de cette époque charnière animée par la contestation étudiante. Leur projet de fin d’études, intitulé « L e catalyseur urbain » et réalisé en collaboration avec Agnès Emery et Henry Goldman, revendique une lecture sociologique et politique de l’espace urbain et constitue une synthèse de leur démarche. Nourri au niveau théorique, entre-autres par les séminaires de Françoise Choay, le projet propose une intervention urbaine sur le tissu de la ville de Bruxelles, sous la forme d’une liaison qui doit renforcer les relations entre le haut et le bas de la ville. Sous l’impulsion de leur chef d’atelier Peter Callebaut, ils découvrent des projets alternatifs, critiques du fonctionnalisme, et la production des architectes du groupe Archigram, lors d’un voyage d’études à Londres. De leur fascination pour la création artistique contemporaine, dont le pop art, découle l’instrumentalisation esthétique et graphique de leur projet, matérialisée par l’assemblage d’autocollants miroitants dorés ravivés par des insertions aux couleurs éclatantes. En tant que tel, le projet est annonciateur du tournant idéologique majeur qui surviendra dans les domaines de l’architecture et de l’urbanisme quelques années plus tard en Belgique, d’abord au sein de La Cambre, avant de dominer largement les politiques urbaines à partir de la fin des années 1980.