Résumé : Cet essai entend retracer et analyser l’idée d’image sonore (métaphore, allégorie et analogie) dans l’œuvre d’Augustin. Si nous voulons saisir les images de la musique dans la tradition culturelle chrétienne, l’œuvre de l’évêque d’Hippone constitue un exemplaire point de départ. L’ouvrage se base sur les œuvres suivantes : Confessionum libri tredecim, De Civitate Dei contra Paganos libri viginti duo, De Fide et Symbolo liber unus, De Magistro liber unus, De Musica libri sex, De Natura Boni contra Manichaeos liber unus, De Ordine libri duo, De Trinitate libri quindecim, De Vera Religione liber unus, Enarrationes in Psalmos et In Evangelium Ioannis tractatus centum viginti quatuor. La première partie se centre sur les déclinaisons de l’homme musical en analysant les métaphores de l’homme transformé en instrument musical ainsi que la symbolique des divers instruments. Du fidèle métamorphosé, la métaphore de l’homme musical se poursuit avec les allégories des prophètes et des saints dont le corps est converti en instruments musicaux joués par la main divine qui parle à travers les corps sonores qu’il destine à être le réceptacle d’une parole musicale privilégiée. Cette première partie se termine par les faisceaux de métaphores musicales qui désignent la figure du Christ : du plan du Salut éprouvé en musique dans le De Trinitate aux allégories du Christ-instrument de musique de bois et de boyau tendu sur la croix. La deuxième partie analyse les choses crées à travers le prisme musical développé par Augustin. Face à l’énigme de la création par le verbe divin, c’est l’analogie musicale qui permet de s’approcher au plus près d’élément de réponse : ce qui délimite des traits fondamentaux du rapport entre matière et forme au sein de la création artistique. De la même manière, les analyses du rythme englobent à la fois la mémoire, la raison et la réforme ou reformation de l’homme par les rythmes de la Sagesse : les problématiques esthétiques – jusqu’à la notion d’intuition de la loi éternelle de l’art développée dans le De Trinitate – et théologiques sont indissociable, autour de la notion centrale de rythme présenté dans le De Musica. La dernière partie analyse d’abord la complémentarité parfois dichotomique entre la vue et l’ouïe ainsi que celle entre la voix chantée et les instruments musicaux. Ce thème de la hiérarchie entre musique vocale et instrumentale qui nourrit l’histoire de la musique du moins jusqu’à la reconnaissance totale de la musique instrumentale au 18ème siècle se laisse voir sous des jours inattendus grâce aux métaphores et allégories de la musique instrumentales développées dans les Commentaires aux psaumes. Enfin le dernier chapitre de la dernière partie est consacré au son musical de l’ineffable et au son silencieux tel que définit par Augustin.