par Houlstan-Hasaerts, Rafaella
Référence Colloque international APERAU « Penser et Produire la Ville au XXIe Siècle. Modernisation écologique, qualité urbaine et justice spatiale » (07/06/2012: UNIL, Lausanne)
Publication Non publié, 2012
Communication à un colloque
Résumé : Pour certains d’entre nous, l’espace public constitue un bien commun qui contribue au bien commun. Il est donc potentiellement l’affaire de tous. Si l’on se place sous cet horizon normatif, penser « la ville juste » comporte à tout le moins l’exigence de s’interroger sur les possibilités de chacun de participer à sa production. Plus spécifiquement, cela implique de s’interroger sur les possibilités d’inclure dans les dynamiques de production de l’espace public des sujets qui n’y ont pas automatiquement accès.De nombreux débats et efforts actuels vont dans le sens de ces interrogations. De fait, ces dernières années ont vu l’idéal démocratie intégrer la demande d’une plus grande implication des citoyens auxfaits de la Cité, notamment en ce qui concerne la production des espaces publics (Sintomer, 2011). Cette demande se traduit au niveau de l’action publique par la mise en place de toute une série de politiques, dispositifs, mécanismes et initiatives qui encouragent la participation des citoyens en synergie avec divers acteurs urbains. A la fois cause et conséquence de l’émergence de ce paradigme,on assiste également depuis les années ’60-’70 à une certaine montée en puissance de la société civile,qui agit de plus en plus sur l’espace public, pour se l’approprier ou se le réapproprier ou depuis l’espace public, se mobilisant pour revendiquer des productions qui tendent vers une composition collective (Garber, 2000). Cependant, cette recherche de composition collective n’a rien d’évident. En externe, elle se heurte aux intérêts et aux modes opératoires respectifs de ceux, nombreux, qui ne partagent pas ce référent. Même lorsque chacune des parties prenantes l’appelle de ses vœux, elle doit faire face en interne à une diversité de nécessités, de contraintes et de points de vues. Plus que tout, elle est assujettie à la différence de ressources qui subsiste entre ceux qui détiennent majoritairement le pouvoir et la légitimité, généralement des « responsables » politiques, économiques ou techniques, et ceux qui en sont moins pourvus, habituellement des citoyens « ordinaires ». A mi-chemin entre ces factualités en tension, cette communication aura un double objet :• l’exploration des raisons pour lesquelles et des manières dont des citoyens peu ou pas institutionnalisés mettent en cause l’hégémonie de ceux qui produisent l’espace public (des « sujets »)et questionnent le bien-fondé de ce qu’ils produisent (des « objets ») et des façons dont cette production est menée (des « processus ») ;• l’observation des modalités selon lesquelles et avec quel degré d’efficacité les contenus des revendications ou des propositions émises par ces citoyens ont percolé (ou non) dans des débats et des formalisations de l’espace public ultérieurs. Pour ce faire, je décrirai la trajectoire prise par l’ « affaire Flagey » , un conflit ayant mobilisé plusieurs franges de la société civile autour de la construction d’un bassin d’orage sous la place Flagey et du réaménagement de sa surface sur une période comprise entre 1990 et 2008. A partir de la description de cette trajectoire, l’objectif de cette communication sera de dégager une série d’hypothèses sur les conditions de réussite ou d’échec de la prise en compte de la parole et de l’action citoyennes dans des dynamiques de production de l’espace public.