Thèse de doctorat
Résumé : Cette thèse se propose d’étudier le surréalisme bruxellois durant les années 1940, à travers le prisme de l’objet. Les termes d’héritage, de poncif, de génération, d’avant-garde et de scandale en façonnent le cadre. Le poids des événements historiques s’y fait continuellement ressentir. Particulièrement peu unifiées sur le plan politique et artistique, les années 1940 sont synonymes d’intenses turbulences pour le surréalisme, officiellement lancé en 1924. Les jeunes poètes qui entament leur parcours à cette époque sont pratiquement nés au même moment que le mouvement dans lequel ils s’insèrent. La rencontre entre ces surréalistes débutants et un mouvement ayant ses principaux coups d’éclat derrière lui crée une dynamique à laquelle l’énergie de ces années difficiles est en grande partie redevable. Divers phénomènes sont observés : la constitution d’une « deuxième génération » surréaliste, une interrogation sur la pertinence et les moyens d’action du mouvement, des modifications dans les relations avec les surréalistes parisiens. Enfin, l’instabilité politique force chaque membre du mouvement à repenser ses rapports au réel. L’utilisation de l’objet par les surréalistes est intimement liée à ces soubresauts continuels. Suivant un déroulement chronologique, la thèse aborde quatre épisodes de l’histoire du groupe surréaliste bruxellois durant cette décennie, en suivant plus particulièrement le parcours de Marcel Mariën, Christian Dotremont et René Magritte. Elle s’ouvre à la veille de la Seconde Guerre mondiale ; la deuxième partie est consacrée à l’Occupation. La troisième partie étudie l’année 1945 et en particulier une exposition organisée par René Magritte en décembre 1945 et janvier 1946, dans laquelle les objets sont présents en nombre. La quatrième partie se consacre aux dernières années de la décennie. Christian Dotremont quitte le surréalisme via la création du surréalisme-révolutionnaire et de Cobra avant de réaliser une exposition d’objets en été 1949. L'étude de cette décennie dans sa globalité permet plus largement de donner un éclairage inédit sur cette partie de l'histoire du surréalisme.