Résumé : Ce travail propose une réflexion sur les obstacles, souvent "invisibles", qui contribuent à maintenir les femmes aux niveaux inférieurs de la hiérarchie professionnelle. Ce phénomène a été baptisé « plafond de verre ». L’asymétrie des profils professionnels entre hommes et femmes est interrogée à partir d’une approche constructiviste multidisciplinaire profitant des contributions conjointes de l’histoire, de la philosophie, de la sociologie et de la psychologie sociale. L'introduction théorique propose une réflexion sur les déterminants historiques et psychosociaux de l’asymétrie du masculin et du féminin dans leurs rapports au pouvoir et au travail. Les théories des Représentations Sociales (Moscovici, 1961), de l'Identité Sociale (Tajfel & Turner, 1986) serviront de cadre conceptuel à l’ensemble du travail. Les antécédents psychosociaux du « plafond de verre » sont étudiés au travers d’une série de 6 études. La première explore le vécu et les représentations des femmes évoluant dans un contexte professionnel masculin tel que la politique et montre l’existence chez elles d’une tension entre les normes instrumentales en vigueur dans ce contexte et l’approche relationnelle qu’elles voudraient promouvoir. La deuxième et la troisième études explorent respectivement les représentations sociales de l’« emploi idéal pour soi » et de la « réussite » chez des jeunes universitaires (garçons et filles) en partant du présupposé qu’afin de mieux comprendre les stratégies différenciées de mobilité ascendante chez les deux sexes, il est important d’interroger les représentations sociales liées à la sphère professionnelle que les uns et les autres possèdent avant d’y être intégré-e-s. Enfin, trois études empiriques testent l’hypothèse générale selon laquelle la sous-représentation des femmes aux niveaux supérieurs de la hiérarchie sociale pourrait résulter des discordances qui existent entre, d’une part, les normes de genre endossées par les individus (i.e. féminine vs. masculine) ainsi que le niveau d’identification au genre et, d’autre part, les normes sous-tendant la culture des organisations. Les résultats suggèrent l’existence d’une telle incompatibilité normative et de son impact potentiel sur les stratégies de mobilité ascendante./Adopting a constructivist and multidisciplinary perspective, the present dissertation questions the “hidden obstacles” contributing to maintain women in the lower positions of the professional ladder, a phenomenon called “glass ceiling”. Framing our work in the social representations theory (Moscovici, 1961) and the social identity theory (Tajfel & Turner, 1986), we address the asymmetry in men’s and wome’s careers trough 6 study. Study 1 explores the representations of Belgian politician women with regard to their personal professional experiences and their relation to the normatively masculine political functioning. Furthermore, a second set of studies starts from the idea that, in order to understand women’s and men’s professional mobility strategies, we have to take social representations related to the professional domain into account. Hence, study 2 and 3 explore respectively the social representations of « an own ideal job » and of « a successful life » amongst young students of both sexes. Finally, studies 4, 5, and 6 test the general hypothesis that the lack of women in positions of power could be partially due to the incongruence between potentially conflicting social norms. Namely, while work settings seem to induce a social norm favoring instrumental social orientations, women socialization is still characterized by the existence of prescriptions about relational orientations. Results suggest the existence of this normative inconsistency together with its potential impact on women’s professional mobility strategies.