par de Halleux, Chanel
Référence Congrès international de la SCEDHS : "Sociabilité en révolutions au XVIIIe siècle" (17-10-2014: Hôtel Delta, Montréal)
Publication Non publié, 2014-10-17
Communication à un colloque
Résumé : Dans le cadre de cette communication, nous avons centré notre attention sur le rôle joué par les réseaux de sociabilité mondaine dans l’espace littéraire de 1789 à 1799. L’historiographie récente, portant principalement sur la question de la politisation des salons sous la Révolution (O. Blanc, S. Kale, A. Lilti), s’est peu intéressée à la question. Les travaux pionniers sur le sujet (Bourdin & Chappey) encouragent cependant à approfondir les recherches en ce domaine. Prenant pour objet d’analyse la société de Fanny de Beauharnais, nous avons souhaité démontrer que la période révolutionnaire a renforcé quelques enjeux particuliers qui entouraient la fréquentation des salons. Les premiers sont d’ordre matériel : l’instabilité financière, induite par les événements et à laquelle de nombreux écrivains doivent subitement faire face, accentue en effet les dispositions de la maîtresse de maison à tisser et à mobiliser des réseaux de protection en leur faveur. Les seconds, quant à eux, sont d’ordre idéologique et politique : les littérateurs du salon de la comtesse puisent dans sa société des valeurs mondaines qui leur permettent de se positionner au sein du débat visant alors à redéfinir la mission collective des hommes de lettres. Il est en effet significatif que plusieurs habitués du cercle de Fanny de Beauharnais comptent parmi les initiateurs de la Société Nationale des Neuf Sœurs qui érige certains fondements de la sociabilité des salons, comme la civilité, en véritables enjeux identitaires de l’homme de lettres régénéré. Étudier la société de cette femme auteur permet donc de relativiser l’image traditionnelle de « l’écrivain patriote », rejetant les logiques de la mondanité. Le rôle du salon de la comtesse dans le renouvellement de l’espace littéraire a été concrètement mesuré grâce à l’analyse de parcours d’auteurs comme Joseph-François Michaud, qui doit son ascension dans les milieux lettrés au « capital relationnel » (D. Marneffe & B. Denis) de sa protectrice.