Article révisé par les pairs
Résumé : Récemment, une mosquée bruxelloise s’est vu demander par la commune un certificat de l’Exécutif des musulmans de Belgique assurant qu’il s’agissait bien d’une mosquée. Une autre mosquée souhaitant acheter un bâtiment voisin s’est vu opposer une certaine résistance basée notamment sur les problèmes de parking dans le quartier. Ces exemples illustrent les difficultés d’insertion des mosquées dans l’espace urbain bruxellois, dans lesquelles arguments urbanistiques se mêlent à des attitudes sécuritaires et à des pratiques administratives discrétionnaires. Pourtant, et à la différence d’autres manifestations visibles de l’islam, l’installation des mosquées au coeur du tissu urbain bruxellois, ou francophone de manière plus générale, n’a que très peu attiré l’attention des chercheurs, laissant par ce fait de nombreuses questions sans réponse : comment se déroule l’implantation des lieux de culte musulman dans l’espace public ? Quelle valeur symbolique les fidèles investissent-ils dans leur (non-)visibilité architecturale ? Quels types de pratiques politiques peuvent être observés ? Comment se négocie l’application du droit dans une situation en trompe-l’œil ? En s’appuyant sur un répertoire de données constitué d’entretiens, d’observations ethnographiques et de documents secondaires de diverses sources, le présent article dresse le bilan de dix ans de recherche menée par l’auteure sur le sujet et tente de répondre au moins partiellement à ces questions.