Résumé : La définition de la prostitution n’est pas très claire. Se prostituer, c’est tarifer une relation sexuelle dans une sphère publique. Dans l’imaginaire collectif, prostitution et femme sont presque synonymes. Au 18e siècle, la prostituée désigne donc une activité purement féminine, précise Valérie André, directrice de recherche F.R.S.-FNRS, professeure à l’ULB, membre de l’Académie royale de Belgique. On s’est beaucoup intéressé aux figures littéraires de prostituées, au XVIIIe et au XIXe siècle ; par contre les hommes, on n’en parle jamais. Le terme « prostitué » apparaît substantivement au début du XXe siècle, pour désigner un homme, l’hétérosexualité n’étant pas d’office accolée au terme. Pour Nicolas Duriau, doctorant en langues et lettres françaises à l’ULB, aspirant F.R.S-FNRS, la définition est également étymologique. Le mot « prostitution » entre dans la langue française vers 1250, il est emprunté au latin chrétien pour désigner l’idée de profanation. Pro statuere, c’est mettre en avant. Se prostituer, c’est se déshonorer par l’usage public que l’on fait d’une chose, tout en l’exposant aux yeux de tous, à savoir on exposant son corps. À partir du moment où l’on définit la sphère publique comme étant masculine, il est beaucoup plus difficile pour les hommes d’être accusés de prostitution. A l’inverse, si l’on estime que la sphère privée est dévolue aux femmes, toute femme qui transgresse les normes de genres en quittant la sphère privée pour s’exposer sur la place publique devient susceptible d’être accusée de prostitution. Ainsi, au XVIIIe, au XIXe et encore au XXe siècle, la prostitution est une activité, qui, aux yeux du corps social, se définit comme étant féminine et publique, voire mercenaire et rémunérée.