Résumé : Le travail de fin d’études développé porte un regard contemporain sur les moyens de représentation de l’architecte-enseignant polytechnicien Jean-Nicolas-Louis Durand (1760-1834). Il s’agit d’une étude approfondie du dessin architectural du maître parisien comme véhicule et instrument de la mise en œuvre de ses théories. L’ensemble de la recherche de Durand avait pour finalité de développer et d’enseigner la Marche à suivre dans la composition d’un projet quelconque, c’est-à-dire un mécanisme de composition qui est une suite d’opérations graphiques permettant de composer un édifice à partir d’un programme donné. Notre approche était alors que l’œuvre de Durand est une source de paradigmes toujours d’actualité et que son interrogation contribue à une réflexion sur la pratique paramétrique en architecture. Selon notre hypothèse, le mécanisme de composition durandien peut être aujourd’hui compris, d’un certain point de vue, comme une application archaïque d’opérations paramétriques.La première partie de la recherche se concentre sur l’étude de l’ensemble de la contribution de Durand au sein de l’École Polytechnique, du Recueil et Parallèle de 1801 au Nouveau Précis des Leçons d’Architecture de 1813, augmenté de la Partie Graphique des Cours d’Architecture en 1821. L’étude de l’instrumentalisation entreprise par Durand consiste à relever, par l’analyse des textes et particulièrement des planches, la manière dont les moyens de représentation étaient capables de transformer le regard sur l’objet architectural pour finalement faire fonctionner son mécanisme de composition. Par la mobilisation de références théoriques et historiques dans l’étude des caractéristiques graphiques des planches, il était possible de cerner l’utilisation du dessin dans un but de rationaliser l’architecture, la normer, la préciser, la manipuler et d’y exacerber le mécanisme.La deuxième partie de la recherche est une mise en œuvre expérimentale par des moyens informatiques contemporains de la Marche à suivre enseignée par Durand depuis 1821. Le modèle procédural numérique développé pour mettre en œuvre le mécanisme de composition se base sur l’encodage en langage Python d’une suite d’opérations précises appliquées à des variables. Par l’appel de primitives graphiques, le script ainsi obtenu génère des résultats visibles dans Blender, un logiciel de modélisation 3 D. Le but est double : explorer la méthode en elle-même, en la poussant dans des extrêmes que Durand n’aurait pas osé imaginer, ainsi qu’avancer un référent historique susceptible de questionner certaines implications des applications paramétriques actuelles en architecture.Une implication importante soulevée par cette recherche porte sur la conséquence directe de l’instrumentalisation de la représentation, qui est décrite comme nécessaire à l’approche paramétrique. Là où résidaient dans le dessin un terrain philosophique, le mythe et les croyances, est instauré à présent un cadre autoréférentiel, scientifique et d’une valeur exclusivement opérationnelle. Le développement de l’architecture numérique, et plus particulièrement des approches algorithmiques, a finalement accentué cette tendance.