Résumé : Ce mémoire présente l’analyse géochimique et isotopique d’une section de tourbe sondée à Karukinka (Terre de Feu, Chili) entre 350 et 450 cm de profondeur correspondant à un intervalle de temps compris entre 4300 et 8450 cal. BP. Le but de cette étude est d’identifier les sources des apports atmosphériques en Terre de feu et leurs variations au cours du temps par le biais d’une caractérisation géochimique (REE) et isotopique (Nd et Pb) du sondage de tourbe. Par ailleurs, les outils géochimiques ont été complétés par un nouveau traceur, les isotopes de l’Hf, dont il convenait d’évaluer son potentiel appliqué pour la première fois dans une archive de tourbe et en Patagonie. Les variations isotopiques du sondage (εNd de -1,22 à +2,20 ; 206Pb/204Pb de 18,55 à 18,74 ; 207Pb/204Pb de 15,61 à 15,64 ; εHf de 3,38 à 7,15) indiquent que tout au long du profil étudié, les apports atmosphériques proviennent de la Patagonie et vont donc permettre d’identifier des sources au sein de cette dernière. Les isotopes du Pb et du Nd couplés aux REE ont mis en évidence, au sein de nos échantillons, le dépôt de deux téphras (H1, 7300 cal. BP et MB2, 4300 cal. BP) ainsi que différentes sources de poussières dominantes. De manière globale 3 intervalles de temps distincts ont été identifiés. La première période allant de la base du sondage jusqu’à 6200 cal. BP et dominée par les apports de poussières en provenance du batholite Patagonien. Les deux périodes suivantes indiquent un signal dominé, cette fois-ci, par les pampas. Une dominée par le « Main & post Plateau » entre 6200 et 5200 cal. BP, l’autre par la région de « Glencross » et/ou « Pali Aike » à partir 5200 cal. BP et jusqu’au sommet de la section de tourbe étudiée (4200 cal. BP). Pour la première fois, il a été montré que le batholite Patagonien peut constituer une source majeure de poussières en Patagonie. De plus, ce dernier présente une dynamique érosive différente contrôlée par les glaciers et elle-même principalement liée aux variations climatiques. Par ailleurs, l’utilisation des isotopes de l’Hf nécessite plus de données en Patagonie. Néanmoins, ils ont indiqué une variation synchrone avec les variations du flux de poussière, de minéralogie et d’altération du matériel minéral au sein de la section de tourbe étudiée et suggérant donc un évènement érosif plus intense. Par ailleurs, ceci concorde avec des changements de température et d’intensité des Westerlies indiquant un probable lien avec des variations climatiques. De plus, la corrélation isotopique Hf-Nd pour tous les échantillons étudiés à Karukinka (εHf = 0,40 εNd + 5,8) indique être très proche de la corrélation pour tous les échantillons de poussières actuels et indique une pente plus horizontale que les corrélations des réservoirs terrestres.