Article révisé par les pairs
Résumé : Cet article propose de retracer l’histoire du couple dichotomique de l’inné et de l’acquis, au XXème siècle et en génétique humaine, grâce aux concepts de déterminisme et de prédisposition. Plus spécifiquement, la génétique humaine a évolué d’un déterminisme essentialiste, faisant des facteurs innés les causes ultimes de la nature humaine, vers un déterminisme probabiliste, reconnaissant l’importance des facteurs environnementaux et l’exprimant en termes de prédisposition génétique. Cette évolution épistémologique se comprend grâce à l’histoire des liens entre génétique et eugénisme aux USA au début du XXème siècle, de la génétique médicale en Angleterre dès 1920 et du développement de la biologie moléculaire à partir des années 1950. Ils expliquent la popularité du déterminisme de l’inné. Mais le XXIème siècle voit se développer une nouvelle ère épistémologique, l’ère post-génomique, qui tend à dépasser théoriquement et concrètement l’opposition entre inné et acquis. La génétique humaine ne se veut plus principalement inné-centrée, et nous verrons qu’il est désormais question de prédisposition interactive. This paper proposes a history of nature and nurture dichotomy, in the 20th century and in human genetics, builded on the concepts of determinism and predisposition. More specifically, human genetics has evolved from an essentialist determinism, wherein innate traits are the ultimate causes of human nature, to a probabilistic determinism, recognizing the importance of environmental factors and expressing it in terms of genetic predisposition. This epistemological evolution is explained thanks to histories of links between genetics and eugenics in the U.S.A. in the early 20th century, of medical genetics in England in 1920 and of molecular biology from the 1950s. They explain the popularity of the innate determinism. But a new epistemological era is developing in the 21st century, the postgenomic era, which tends to overcome theoretically and practically the opposition between nature and nurture. Human genetics try to be not only innate-centered anymore and as a consequence, a new concept, interactive predisposition, appears.