par Andrin, Muriel
Editeur scientifique Jaumain, Serge ;wesinski, christophe
Référence Dire et écrire la guerre et la paix(2006: ULB, Bruxelles), Les Savoirs au défi de la paix et de la citoyenneté, Pôle Bernheim: Les cahiers Paix & Citoyenneté, Bruxelles, Vol. 4
Publication Publié, 2006
Publication dans des actes
Résumé : Cet article a pour but d'examiner le rôle d'une grande figure du cinéma hollywoodien, John Huston, ainsi que sa position radicale vis-à-vis à la fois de la représentation du conflit mais surtout de la construction d'un « après ». En effet, la réalisation de Let There Be Light (1948), documentaire sur la réhabilitation de soldats revenus du front et souffrant de troubles physiques mais surtout psychologiques, s'inscrit, au niveau de sa mise en scène, en réaction au cinéma propagandiste pratiqué par d'autres cinéastes américains impliqués dans « l'effort de guerre ». Ainsi, il s'oppose à Frank Capra et sa série Why We Fight, basée sur une représentation propagandiste, utilisant tous les moyens pour articuler un discours imposant au grand public les nécessités de participer au conflit, des images d'archives aux images d'animation (produites par Disney). Huston affiche quant à lui le refus de cette sur-utilisation d'images d'archives et la nécessité d'engendrer une représentation filmique basée sur des images qu'il a lui-même tournées, que ce soit au coeur du conflit dans The Battle of San Pietro (1943) ou dans l'idée de la reconstruction de l'après-guerre dans Let There Be Light. Cette position radicale dans la représentation d'une situation critique n'est par ailleurs pas sans poser problème, autant sur un plan thématique (par l'abandon du triomphalisme dans la description ou le refus de mentionner la victoire américaine), qu'au niveau de la réception (les démêlés avec les différents commanditaires et les effets de la censure) mais surtout sur le plan esthétique (la facture hollywoodienne du film qui s'oppose à l'idée de captation documentaire).