par Delcomminette, Sylvain
Référence Philosophie antique, 6, page (59-80)
Publication Publié, 2006
Article révisé par les pairs
Résumé : Le traitement platonicien du thème de l’insatiabilité du désir dans le Philèbe, quoique implicite, est profondément original. En considérant le plaisir comme l’objet immédiat du désir, et en caractérisant le plaisir comme un apeiron (c’est-à-dire un indéterminé ou un illimité), il situe l’origine de ce phénomène non dans l’essence même du désir, mais dans son objet, qui par nature lui échappera toujours. La seule manière de l’éviter sera dès lors de réorienter le désir vers un autre objet, à savoir l’intelligible, qui seul sera capable de le limiter – ce qui signifie non pas l’amoindrir, mais lui donner les moyens de trouver sa satisfaction dans son propre exercice. Le désir ainsi transformé est la philosophie elle-même, seule voie vers le bien et le bonheur selon Platon.
Plato’s treatment of the theme of insatiability of desire in the Philebus is only implicit, but deeply original. Considering pleasure as the immediate object of desire, and caracterising pleasure as an apeiron (i.e. an undetermined or an illimited), it locates the origin of that phenomenon not in the essence of desire itself, but in its object, which by nature always eludes it. The only way of avoiding it is therefore to reorientate desire towards another object, namely the intelligible, which is the only thing able to limitate it – which does not mean to reduce it, but rather to give it the means of finding its own satisfaction in itself. The desire thus transformed is philosophy itself, the only way towards goodness and happiness according to Plato.