par Zaccai-Reyners, Nathalie
Editeur scientifique Dillens, Anne-Marie
Référence Le pluralisme des valeurs, Entre particulier et universel, FUSL, Bruxelles (Belgique), Vol. 98, page (149-154)
Publication Publié, 2003
Partie d'ouvrage collectif
Résumé : Que l'on puisse considérer l'expression publique de demandes articulées sur des valeurs particularistes avec crainte, y lire les présages d'une dérive possible de la démocratie, d'une perversion de ses principes universalistes, et voir dans les travaux entrepris par John Rawls ou Jürgen Habermas la tentative de formuler des réponses, plausibles pour certains, insuffisantes ou insatisfaisantes pour d'autres, à ces défis, voici une entrée dans le thème proposé. J'aimerais pour ma part m'attarder sur ce constat d'un "surgissement de l'intime dans le civique", qui serait caractéristique d'un nouveau régime de valeurs, le nôtre, celui du pluralisme. Je propose de considérer les manifestations publiques de la sphère privée depuis un autre point de vue, d'y voir non pas l'aiguillon d'une interrogation sur les dégâts du relativisme, mais plutôt une opportunité. Celle de se pencher sur les coulisses de l'universel et d'interroger les motifs présidant à la distinction des ressources légitimement candidates à la discussion publique. Pour ce faire j'évoquerai un courant de la philosophie contemporaine qui, développant une théorie cognitiviste des émotions, laisse penser que l'expression d'évaluations particularistes dans la sphère publique peut avoir deux avantages au moins. D'une part, elle donnerait accès à des ressources constitutives de la vie sociale qui, lorsqu'elles sont réprimées, sont niées tout en étant cependant bien à l'oeuvre, ce qui ne serait pas sans répercussions pathologiques. D'autre part, l'insertion de ces ressources dans la sphère publique aurait un effet en retour sur ces ressources mêmes, les insérant dans des processus de co-détermination explicite qui ont une incidence sur la matière même des évaluations.