Résumé : La reconstruction du passé fait partie intégrante des processus de réconciliation intergroupe car, à l’issue d’un conflit, la mémoire collective sous-tend une bonne partie de l’animosité, de la haine et de la méfiance entre les groupes. La difficulté de cette gestion des mémoires tient au triple défi qu’elle doit pouvoir relever: permettre la reconnaissance et favoriser la guérison des souffrances individuelles; préserver l’identité sociale des groupes impliqués; tout en leur permettant de vivre ensemble en paix. Ainsi, une mauvaise gestion de la mémoire collective peut mener à la résurgence du conflit, voire à un véritable cycle de vengeance dans lequel les blessures du passé justifient les violences à venir. Dans cet article, qui puisera dans les apports de la psychologie sociale et de la philosophie, nous commencerons par délimiter le concept de mémoire collective, en particulier dans ses rapports avec l’identité sociale. Ensuite, nous isolerons certains processus à travers lesquels la mémoire collective des groupes impliqués dans un conflit passé est susceptible d’entraver leur réconciliation. Enfin, nous tenterons d’envisager des voies de solution par le biais de la transmission de la mémoire aussi bien au sein des groupes impliqués qu’entre ceux-ci.