par Devroey, Jean-Pierre
Référence Mises en réserve : production, accumulation et redistribution des céréales dans l'Occident médiéval et moderne. Flaran, 40 (12-13 octobre 2018: Abbaye d'Arthous, Hastingues, Landes)
Publication Non publié, 2018-10-13
Communication à un colloque
Résumé : L’exposé analyse les modalités de stockage et de distribution des céréales à partir de leur circulation dans les réseaux de la grande propriété foncière dans le Nord de la Francia à l’époque carolingienne. Le corpus des inventaires fonciers est élargi aux recueils de lois et aux capitulaires, ainsi qu’aux statuts monastiques. La circulation des céréales se déroule selon trois modèles d’organisation. Une partie des grands monastères fondent leur approvisionnement en céréales sur le principe de la centralisation, dans le cadre de l’autoconsommation et de la distribution de secours alimentaires. Ce principe implique la construction de grandes infrastructures de stockage. Certaines communautés monastiques lui préfèrent un système de mensualisation de l’approvisionnement. Enfin, la centralisation ou la mensualisation ne s’impose pas dans tous les cas. La familia royale consomme des céréales selon trois rythmes différents dans l’année qui spécifient la politique de stockage, pour les besoins de l’armée, pour l’approvisionnement du roi durant la période d’hivernage, et localement. La conservation locale pour la durée de l’année-récolte semble en vigueur pour la dîme paroissiale. Le recours au grenier hors-sol est indispensable pour permettre le prélèvement régulier des quantités de grains à moudre pour l’alimentation de groupes importants (familia monastique élargie, entourage royal, contingent) ou de plus petite taille (foyer du prêtre paroissial et secours aux indigents). Dans le cadre familial, d’autres artefacts peuvent être utilisés pour l’alimentation quotidienne et la consommation de pain biscuit dans la longue durée.La circulation, le traitement et le stockage des céréales sont étudiés à partir des exemples de Prüm (893) et de Saint-Germain-des-Prés (823-828). Nous procéderons ensuite à l’analyse verticale du traitement des céréales après récolte, autour de deux phases principales : (1) l’engrangement et le battage ; (2) le nettoyage et la conservation à moyen ou à long terme des grains. A ces deux stades correspondent en principe des dispositifs architecturaux spécifiques : « grange » et « grenier ». Les faits de vocabulaire démontrent une imprécision dans l’emploi des termes, horreum, scura, spicarium, granea. Tous correspondent à des systèmes de conservation hors sol. Le corpus ne comprend pas de mot pour désigner le stockage souterrain, alors que ce dispositif est bien attesté par l’archéologie et les fouilles d’habitat rural.