par Bucella, Fabrizio ;Sterno, Jean-Marc ; [et al.]
Référence Revue des oenologues et des techniques vitivinicoles et oenologiques, 166, page (59-63)
Publication Publié, 2018-01-01
Article révisé par les pairs
Résumé : À Bordeaux, des architectes de renom construisent, rénovent ou aménagent des domaines ou parties de ceux-ci. En premier lieu, nous avons étudié l’origine de ces rénovations. Quels sont les facteurs qui les ont soutenues ? Pourquoi peut-on dater le début de celles-ci à la fin des années 1980 ? Que s’est-il passé depuis trente ans ?Ensuite, nous avons montré qu’il existe un type architectural représentatif pour chaque classification bordelaise. Par classification bordelaise, nous avons considéré le Médoc et le classement de 1855, les classements des Graves et de Saint-Émilion et, enfin, l’appellation Pomerol, qui ne possède pas de classement en tant que tel, mais une hiérarchie des domaines en fonction des prix de vente des bouteilles.Notre recherche montre que les années 1980 sont propices à un investissement dans le foncier. Les causes sont multiples : (i) importance du millésime 1982 dans le changement de style des vins de Bordeaux ; (ii) rénovation de Lafite Rothschild par Ricardo Bofill en 1987 ; (iii) exposition Châteaux Bordeaux au centre Georges Pompidou en 1988-1989, et (iv) arrivée de nouveaux investisseurs après la crise financière de 2008.Cela confirme une de nos hypothèses déjà étudiée, celle d’un changement de statut du vin entraîné et soutenu par l’œnotourisme. Certains crus devenant inaccessibles, le château est visité comme le serait un musée. La découverte de l’architecture des différents domaines constitue d’ailleurs la troisième activité touristique la plus recherchée dans la région Aquitaine.Sur base d’une étude exhaustive des chais, de leurs rénovations ces trente dernières années et d’une classification originale par type, nous avons pu attester un style propre aux crus classés 1855 et à ceux de Saint-Émilion.D’un côté, nous avons la rive gauche (Médoc, Crus Classés 1855), où les rénovations renvoient à une certaine forme aristocratique, avec un style classique déterminé par l’histoire du domaine. Les rénovations, même quand elles sont conduites par des stars-architectes comme Norman Foster à Margaux, s’inscrivent dans le paysage et le bâti existant. Ce sont les rénovations les plus onéreuses.De l’autre côté, nous avons les crus classés de Saint-Émilion, dont la méthodologie même du classement leur assigne presque une obligation de reconstruction, qui fut notamment mise en œuvre préalablement à la révision de 2012. Ces rénovations se veulent plus visibles, elles doivent éblouir et attirer le regard. Les tendances sont à l’image d’une architecture contemporaine, qui tranche avec l’environnement immédiat.Concernant le classement des Graves et l’appellation Pomerol, un style architectural dominant n’a pas pu être décelé. Ce sont également, pour des raisons différentes (notoriété et prix des vins pour le classement des Graves et surfaces disponibles pour l’appellation Pomerol), les deux régions où le coût des rénovations est le moins important.