Article révisé par les pairs
Résumé : Basé sur l’exploration de sources francophones variées (archives hospitalières, déontologies médicales, manuels de soin catholiques, etc.), cet article cherche à mettre en lumière la façon dont l’information ayant trait aux maladies graves était gérée par les différents acteurs du monde médical à la fin du 19ème siècle et au début du 20ème siècle. Il est ici suggéré que les pratiques de gestion de l’information, bien qu’œuvrant toutes dans le même objectif paternaliste d’assurer le « bien du malade », variaient grandement selon les acteurs soignant impliqués. On voit ainsi les religieuses et aumôniers opter pour des actions de révélation de l’information – médicale et religieuse – afin de préparer l’âme du malade à son départ pour l’au-delà, alors qu’à l’inverse, les médecins laïcs font le choix d’une dissimulation systématique de diagnostics graves pour protéger leurs patients de l’angoisse d’une fin de vie annoncée. Désireux d’ajouter à l’étude de l’histoire de la relation thérapeutique, cet article cherchera également à examiner les réactions des malades et de leur entourage face « ratés » de communication. Il soutient en outre que les interactions entre malades et soignants se situent dans le prolongement de plus vastes dynamiques sociales de l’époque.