par Feyereisen, Justine
Référence Sens public (Revue)
Publication Publié, 2017
Article révisé par les pairs
Résumé : C’est à travers l’analyse textuelle de trois récits contemporains que cette contribution entend explorer la manière dont leurs auteurs livrent des « poéthiques » (Pinson) du corps captif, témoin ou victime du joug colonial : La Quarantaine (1995) de J.M.G. Le Clézio, Guyane : Traces-mémoires du bagne de Patrick Chamoiseau (1994 ; photographies de Rodolphe Hammadi) et Un dimanche au cachot (2007) du même écrivain. Cachot de Maîtres-békés, île Plate en quarantaine, bagne guyanais, que racontent de tels univers concentrationnaires à ces « chiffonniers » (Benjamin) de l’Histoire ? Se peut-il qu’à leur contact, les traces contingentes au passé colonial soient non plus « chosifiées » (Ricœur), mais émotionnelles et synesthésiques ? Aussi oppressant que soit le lieu, pourrait-il s’avérer libérateur d’une conscience de soi et d’un esprit de communauté ? Quelles questions d’ordre esthétique et éthique la perception et la figuration du corps palimpsestique soulèvent-elles sur l’indescriptible de la condition humaine enchaînée ?