par Pelletier, Arnaud
Référence Les Études philosophiques, 171, 1, page (103-117)
Publication Publié, 2017
Article révisé par les pairs
Résumé : Résumé. – Leibniz n’a traité nulle part systématiquement de l’attention. Pourtant, en suivant le fil conducteur de l’attention comprise comme réflexion à soi et à ses propres actes, cet article montre qu’elle soulève différents problèmes liés à la constitution progressive du lexique de l’aperception. Le problème éthique d’un défaut d’attention amène Leibniz à reconnaître un mode non réfléchi de celle-ci, à en trouver le ressort naturel dans la constitution du corps percevant, et à la distinguer de l’aperception comprise comme réflexion à ce qui est en soi : non pas réflexion morale sur ses propres actes, mais saisie des idées innées et de leur liaison, qui fondent la personnalité morale. Il faut alors refuser l’interprétation récente qui propose d’étendre l’aperception aux âmes animales sous prétexte qu’elles auraient de la sensation : dans la langue philosophique de Leibniz, le chien s’aperçoit de sa douleur et peut y prêter attention ; il n’en a pas d’aperception. Abstract. – There is no systematical account of attention in Leibniz. By following the thread of attention, first understood as reflection on the self and its own actions, this article shows that it tackles different issues related to the emergence of the distinction between perception and apperception. The ethical issue of a lack of attention leads Leibniz to admit a non-reflective mode thereof, to argue for its essential link to the perceiving body, and finally to distinguish it from apperception understood as reflection on what is in the self - not on one’s acts, but on the innate ideas and their relations that ultimately ground moral personality. The article thus argues against the recent interpretations that extend apperception to animal sensitive souls: in Leibniz’s philosophical language, a dog perceives pain and can pay attention to it, but has no apperception of it.