Travail de recherche/Working paper
Résumé : Dans un récent article traitant de l’architecture liégeoise des années 80, Pierre Frankignoulle et Sébastien Charlier soulignaient en quoi une étude approfondie de cette période restait encore à faire (2012). Selon eux, la visibilité internationale que des architectes tels Charles Vandenhove, Bruno Albert ou encore René Greisch ont pu acquérir au cours de cette décennie, aurait eu pour corolaire l’effacement d’autres personnalités. Parmi ces figures de l’ombre, se trouve John Berhaut-Streel. Né à Liège en 1942, diplômé de l’Institut Saint Luc en 1966, John Berhaut restera attaché à sa terre natale tout au long de sa carrière. Près de cinquante années partagées entre une pratique établie dans la banlieue liégeoise, et un enseignement au sein de l’institut qui l’avait formé. Une trajectoire que l’architecte aime à qualifier de simple, modeste, et qui n’a pourtant cessé de croiser celles de ces autres personnalités qui nous sont plus familières. Restée en marge des espaces médiatiques, son œuvre demeure profondément liée à l’histoire de l’architecture liégeoise. Elle y a contribué. Présence discrète, mais présence tout de même. Or, à la croisée de ce récit individuel qu’est le parcours de John Berhaut et celui plus collectif de l’architecture belge, un édifice occupe une place particulière : son habitation personnelle à Embourg. Réalisé dans les premières années de sa carrière, par ses caractéristiques formelles et compositionnelles, ce projet représente une entrée privilégiée pour comprendre l’évolution du langage de l’architecte. Mais ce projet est aussi à réinscrire dans une autre évolution. En l’occurrence, celle du prix d’architecture Robert Maskens qu’il recevra en 1981. Dans l’ensemble hétéroclite d’édifices réunis par la seule contingence de candidatures, c’est alors aux discussions ayant animé ce prix que la villa de Berhaut-Streel a contribué. Je vous propose d’observer cet édifice à l’intersection de ces deux histoires architecturales, celle d’une pratique et celle d’un prix ; dans l’immédiateté d’une année –1981– mais aussi dans le temps, plus long, d’événements qui la précèdent ou la suivent. Par ces captures successives, nous verrons alors en quoi un même objet en acquière des significations différentes, que cela soit dans la lignée d’une carrière ou dans celle de débats architecturaux.