Résumé : Objectif. Le domaine médico-social en santé au travail vise l'étude des impacts de santé des conditions collectives de travail. Les méthodes organisationnelles utilisées par l'entreprise ont donc une réelle importance pour aborder ce domaine. Ces organisations ont connu une évolution en couches, passant du One Best Way de Taylor, à la polyvalence et la gestion humaine par le système zéro stock de Onho, pour arriver aujourd'hui aux concepts de l' « excellence » et du « one size fits all ».Résultats. Ces nouvelles organisations de travail misent, non plus seulement sur l'amélioration continue de l'environnement de travail pour accroître la productivité du travailleur, mais surtout sur l'amélioration du comportement de celui-ci. Pour y arriver, elles exigent une adhésion émotionnelle à l'image et à l'organisation de l'entreprise, sous le vocable de culture d'entreprise et non plus au but en tant que tel de l'entreprise qui recherche avant tout un rendement utile sur le plan économique.Dans ce sens, on peut constater que le domaine psycho-social est aujourd'hui largement utilisé pour arriver à ces modifications comportementales : le travailleur se doit d'être heureux. S'il ne l'est pas, c'est parce qu'il n'adhère pas ou plus à la culture de l'entreprise. Il y a aujourd'hui un renforcement mutuel du bien-être psycho-social en entreprise avec les concepts de l' « excellence ». Ceci est particulièrement anxiogène.Discussion et conclusion. Nous sommes au cœur des « injonctions paradoxales » telles que les a décrites Bateson. On peut ainsi comprendre en quoi ces nouvelles organisations sont particulièrement anxiogènes pour les travailleurs. De ce point de vue, tant les statistiques en augmentation des incapacités de travail longues durées, que la consommation très élevée dans nos pays de psychotropes et plus particulière d'anxiolytiques et de stimulants chez les actifs, sont indicatifs de cette souffrance issue du monde du travail et pas seulement une souffrance au travail.