par Neuwels, Julie
Référence Engagement, Réflexivité, Responsabilité, Esthétique : un programme pour les écoles d’architecture ? (9-10 novembre 2016: Bruxelles)
Publication Non publié, 2016-11-10
Communication à un colloque
Résumé : Le rapport à la raison a connu diverses évolutions dans l’histoire moderne de l’architecture qui révèlent tout autant de conceptions de l’engagement et de la responsabilité de l’architecte qui cohabitent, se superposent telles des strates. Depuis un peu plus de dix ans et non sans lien avec des tendances dominantes telles la gouvernance par indicateurs, la carbonisation des politiques environnementales ou la naturalisation du référentiel de marché, la référence au « développement durable » introduit une nouvelle strate qui peut être qualifiée de « rationalité normalisante ». Celle-ci se caractérise par une certaine stabilisation des problèmes, enjeux et solutions, traçant les contours d’un modèle de performance environnementale et économique, pensé essentiellement à partir des possibilités technologiques, sans pour autant supposer de forme ou d’esthétique architecturale. Dans cette rationalité normalisante, en termes de responsabilité et d’engagement, c’est moins le rôle social de l’architecte qui est ordonné que son rôle technique. En même temps, les figures de l’ingénieur et de l’industriel apparaissent plus influentes que celle de l’architecte dans la détermination de ce que pourrait être une architecture durable. L’école d’architecture constitue un terrain symptomatique des difficultés à distancer cette rationalité normalisante et, donc, à penser le rôle social de l’architecte en référence au développement durable au-delà du registre technique. Ces difficultés sont visibles à deux niveaux de lecture : comme lieu d’enseignement, au regard des faibles évolutions des programmes pédagogiques malgré l’ampleur critique de la « pensée écologique », et comme lieu de courants de pensée, au regard de la faiblesse des débats malgré l’existence de réflexions et d’actions engagées, mais également de désaccords profonds dans le milieu même des architectes. Après avoir poser les fondements du propos et sans présupposer de solutions, cette communication développe quelques réflexions visant à défendre une école d’architecture réflexive et engagée, en opposition à la rationalité normalisante.