par Feyereisen, Justine
Référence Colloque international 'Le corps contemporain et l'espace vécu : entre imaginaire et expérience" (25-27 novembre 2016: Université du Québec, Montréal)
Publication Non publié, 2016-11-27
Communication à un colloque
Résumé : C’est à travers trois récits contemporains que nous chercherons à étudier l’inscription de corps captifs, témoins ou victimes du joug colonial : Guyane : Traces-mémoires du bagne de Patrick Chamoiseau (1994 ; photographies de Rodolphe Hammadi), Un dimanche au cachot (2007) du même écrivain, et La Quarantaine (1995) de J.M.G. Le Clézio. Alternant les temporalités, ces textes relatent l’expérience charnelle d’êtres mis à l’épreuve d’un espace clos, où ils découvrent les signes de l’existence des détenus d’une idéologie dominante. Cachot de Maîtres-békés, île Plate en quarantaine, bagne guyanais, que racontent de tels univers concentrationnaires à ces « chiffonniers » (W. Benjamin) de l’Histoire ? Se peut-il qu’à leur contact, les traces contingentes au passé colonial soient, non plus « chosifiées » (P. Ricœur), mais émotionnelles et synesthésiques ? Aussi oppressant que soit le lieu, pourrait-il s’avérer libérateur d’une conscience de soi et d’un esprit de communauté ? Quelles questions d’ordre esthétique et idéologique la perception et la figuration du corps palimpsestique soulèvent-elles sur l’indicible de la condition humaine enchaînée ? Dressant une analyse tant phénoménologique que (photo-)textuelle et stylistique, cette contribution entend explorer la manière dont les auteurs livrent une poétique du corps, à la fois sujet (filtre sémantique) et objet (sémantisé) de l’écriture, tel que l’envisage M. Merleau-Ponty. Il s’agira de montrer comment l’enveloppe poreuse capte les stigmates d’un traumatisme collectif dans ces prisons remplies d’absences au point de sortir les protagonistes de l’isolement, de la solitude, dans le tremblement d’une vie nouvelle en quête d’autres présences.