Résumé : Cet article propose une étude des lieux complémentaires aux Salons d’art des XX et de La Libre Esthétique, au tournant du xxe siècle, et des sociabilités organisées autour de ces expositions bruxelloises. En adoptant une perspective spatiale, fondée sur l’inventaire des adresses de résidence des artistes et des amateurs d’art et les différents types de lieux où ceux-ci se rencontraient, dans et hors Bruxelles, nous avons tenté d’identifier et de définir les espaces de sociabilité d’une avant-garde artistique aujourd’hui bien étudiée sur le plan esthétique, mais rarement sous l’angle géographique.Les résultats cartographiques qui sont présentés offrent une synthèse des sociabilités des XX et de leurs successeurs, combinant aspects matériels et symboliques à travers les espaces choisis pour vivre, créer et être vus. Par une analyse d’ensemble et la présentation de quelques lieux clefs, nous avons cherché à montrer comment ces espaces ont été le creuset de pratiques mondaines originales, participant à l’abolition de la séparation entre lieux de vie et de travail, entre espace d’exposition et de représentation. Le Salon d’art adoptant la scénographie du salon privé et ce dernier accueillant des expositions, un nouveau rapport à l’œuvre d’art et d’une expérience esthétique inédite émergent dans le sillage des XX.