Résumé : Les violences interethniques suivies de la dichotomisation ethnique de la société burundaise ont profondément affectés les jeunes burundais à double appartenance ethnique. Ils ont été contraints à la dislocation familiale, à des exodes répétitifs et à l’exposition de manière récurrente au réel de la mort. La trajectoire de vie de ces derniers a été caractérisée par le manque de reconnaissance qui s’exprimait par de l’ostracisme social, du rejet, de l’humiliation, de la stigmatisation, de la déshumanisation. Ces réactions négatives généraient chez les sujets des sentiments de honte, de culpabilité, d’étrangeté, d’abandon, de trahison et d’insécurité permanente.Se déraciner en rompant les ponts avec leurs régions d’origine a été une stratégie de survie utilisée par les familles mixtes et de leurs enfants pour faire face aux réactions négatives de leur environnement familial et social.Une analyse approfondie à l’aide des catégories conceptualisantes de la trajectoire de vie des jeunes burundais à double appartenance ethnique nous amène à dégager quelques propositions de théorisation ancrée : Les mouvements psychiques de survie induits par les expériences traumatiques extrêmes dont l’endurcissement, la dissociation, le clivage et l’introjection ne permettent pas de sortir des traumatismes. Les jeunes burundais à double appartenance ethnique sont en quête de reconnaissance et utilisent notamment à cette fin les processus psychiques dont l’évitement de la mentalisation, la dépendance affective, la sublimation, le retournement projectif, le retournement-exhibition, l’altruisme, l’humour, l’affiliation et l’oxymoron. Dans cette quête de reconnaissance, l’enclenchement d’un processus de résilience est conditionné par un travail psychique qui se réalise par le fait de s’affilier dans des groupes contenants et de rencontrer des tuteurs de résilience qui sont capables de reconnaître et comprendre leurs souffrances endurées et qui acceptent de leur apporter un réel soutien afin de les surmonter.
Ethnic violence followed by ethnic dichotomy of Burundian society has deeply affected the young Burundian with dual ethnicity. They were forced to family dislocation, repetitive exodus and repeatedly exposed to the reality of death. The life trajectory of those children has been characterized by the lack of recognition and this was expressed by social ostracism, rejection, humiliation, stigmatization, dehumanization. These negative reactions generated in subjects feelings of shame, guilt, strangeness, abandonment, betrayal and continued insecurity. Uproot breaking ties with their regions of origin was a survival strategy used by mixed families and their children to deal with negative reactions from their family and social environment.Further analysis using conceptualisant categories of the life trajectory of young Burundian with dual ethnicity leads us to identify some proposals of grounded theory: The psychic survival movements induced by extreme traumatic experiences such as the hardness, dissociation, cleavage and introjection do not help trauma exit.Burundian youth with dual ethnicity are seeking recognition and for this purpose use especially psychic processes including mentalizing avoidance, emotional dependency, sublimation, the projective flipping, flipping-exhibition, altruism, humor, affiliation and oxymoron.In this quest for recognition, the engagement of a resilient process is conditioned by a psychic work that is realized by the affiliation in containers groups and meeting resilience tutors who are able to recognize and understand their pain and suffering and who agree to provide them with real support to overcome their trauma.