Résumé : Face au peu de données représentatives de l’allaitement maternel exclusif (AME) en Wallonie et à Bruxelles, au manque de données concernant les durées d’allaitement maternel (AM), face à la difficulté de recouper les données d’AM avec les caractéristiques sociodémographiques des parents, face à l’inexistence de données considérant la volonté de durée d’AM de la mère, etc., un module spécifique sur l’AM a été introduit dans les enquêtes de couverture vaccinales (ECV) ayant eu lieu en Wallonie et à Bruxelles. Plus de 520 familles d’enfant de 18 à 24 mois ont répondu en 2012 et en 2015 à une vingtaine de questions sur l’AM. Les taux wallons restent parmi les plus bas des régions à hauts revenus, alors que ceux de Bruxelles sont parmi les plus élevés. En Wallonie, 82% des mères ont initié l’allaitement dont 73% de façon exclusive. Ces chiffres étaient respectivement de 93% et 83% à Bruxelles. En Wallonie, une diminution significative était observée entre les taux d’AM à la naissance et à la sortie de la maternité, ce qui n’était pas le cas à Bruxelles. Seuls 13% des enfants en Wallonie et 26% à Bruxelles ont été allaités exclusivement pendant une période de 6 mois, durée recommandée par l’OMS. Hormis les facteurs « classiques » associés à l’AM retrouvés dans les différentes enquêtes (niveau d’études, origine étrangère, âge supérieur de la mère, primiparité, enfant né par voie basse, à terme, ...), avoir un conjoint soutenant, connaître les durées idéales de l’AM, ne pas avoir rencontré de difficulté lors de la mise en place de l’allaitement les premières semaines, ne pas travailler ou avoir pris un congé parental étaient des facteurs favorisant la durée de l’allaitement maternel exclusif. Près de 60% des mères dans les deux régions étaient insatisfaites de la durée de l’AM réalisée. Une mère sur deux a présenté des difficultés lors de la mise en place de l’allaitement les premières semaines. Près de 45% des mères ignoraient avant de les vivre que de telles difficultés étaient inhérentes à l’AM. Les premiers mois, la perception de manque de lait était responsable d’un pourcentage important de sevrage, il en était de même pour les difficultés tels qu’engorgement, crevasse, mastite, mauvaise prise du sein par le nourrisson. Plus de 20% des mères ont déclaré avoir obtenu des informations contradictoires sur l’AM (positions, durées entre 2 tétées, ...) à la maternité. En plus de dresser la situation épidémiologique de l’AM en lui donnant une perspective historique (mise en nourrice, féminisme, textes internationaux, …) le travail a permis d’émettre des recommandations sur la qualité des méthodes de recherche sur le sujet (définitions à utiliser, formulation des questions, …) et permis de savoir quels sont les indicateurs d’allaitement qui peuvent ou non continuer à être utiliser en routine en Fédération Wallonie-Bruxelles.