Résumé : L’incertitude est constamment présente en oncologie, et plus particulièrement depuis cette dernière décennie, en raison des avancées médicales qui entrainent des prises de décision de plus en plus complexes. Afin de mieux gérer l’anxiété des patients associée à l’incertitude médicale, des compétences en prise de décision partagée sont recommandées. Toutefois, la plupart des professionnels de la santé éprouvent des difficultés à y recourir. Ce travail de thèse a pour finalité d’apporter une meilleure compréhension des processus de prise de décision partagée dans les contextes de haute incertitude en oncologie et de proposer des perspectives futures en vue de les améliorer. Dans ce but, trois chapitres remplissant des objectifs distincts seront abordés dans le cadre d’un entretien de prise de décision avec une patiente simulée: (1) étudier les prédicteurs des compétences en communication des médecins; (2) étudier les prédicteurs de la satisfaction des médecins par rapport à leur capacité à gérer l’incertitude; (3) évaluer l’efficacité d’une formation à la communication de base en oncologie sur les compétences en prise de décision partagée du personnel infirmier. Le premier chapitre de cette thèse a mis en évidence qu’un plus haut niveau de conflit décisionnel des médecins facilite leurs compétences en communication au cours d’un entretien de prise de décision en situation simulée, tandis que de plus fortes réactions négatives à l’incertitude inhibent leurs compétences. Le second chapitre a montré que ces médecins sont satisfaits de leur capacité à avoir géré l’incertitude au cours de l’entretien, malgré de faibles compétences en communication. Ce niveau de satisfaction est en revanche expliqué par leurs caractéristiques psychologiques, telles que leur niveau d’anxiété associée à l’incertitude et leur sentiment d’empathie. Enfin, le dernier chapitre a permis de mettre en évidence qu’une formation à la communication de base destinée aux infirmiers travaillant en oncologie est efficace, d’une part, pour augmenter leurs stratégies d’évaluation des préoccupations d’une patiente simulée associées au traitement, et d’autre part, pour diminuer leurs comportements paternalistes. Cependant, cette formation n’est pas suffisante pour améliorer l’entièreté d’un processus simulé de prise de décision partagée.Ce travail de thèse permet de sensibiliser les soignants travaillant en oncologie à la nécessité d’améliorer leurs compétences en communication dans les contextes hautement incertains de prise de décision. Il souligne également l’importance de développer des formations à la communication spécifiques à ces contextes, et adaptées aux caractéristiques psychologiques des soignants.