Résumé : Cette thèse s’appuie sur la théorie des champs de Pierre Bourdieu pour saisir l’identité des médias publics burkinabè au prisme des pratiques professionnelles, des représentations que se font les journalistes de leur profession et des interactions entre ces médias et les champs politique et socioéconomique. Au sein de ces médias (Radio Burkina, Télévision Burkina et le quotidien Sidwaya) que nous appelons « sous-champ médiatique public », des formes de domination se traduisant par des sanctions et des récompenses sont édictées pour maintenir les journalistes dans un statut de dominé afin de permettre la stabilité du sous-champ et donc de l’ordre dominant. Les gratifications et punitions conditionnent et dirigent les pratiques du sanctionné et du récompensé générant un certain filtre qui ne laisse accéder à l’espace public médiatisé que les informations conformes à l’idéologie dominante. Le journalisme pratiqué dans ces médias ne constitue pas un pouvoir, encore moins un contrepouvoir. Il forme avec les champs politique et socioéconomique un tandem. Les sources d’information ne se limitent pas à leur rôle de pourvoyeurs d’informations, mais s’érigent en « journalistes » en participant à la collecte, au traitement et à la diffusion des nouvelles. Mais tous les journalistes ne se soumettent pas aux ordres des sources d’information. Des résistances apparaissent si bien que le journalisme qui émerge n’est pas totalement monolithique, mais timidement pluriel. Le discours médiatique est constamment le résultat d’un rapport de force entre dominants et dominés ou entre ce que Bourdieu appelle « les stratégies de conservation et les stratégies de subversion ». Ces dynamiques ambivalentes font émerger d’une part, « un journalisme de service » et d’autre part, un « journalisme de résistance ». Le sous-champ médiatique public évolue dans un environnement qui le contraint à une identité professionnelle ambigüe : il n’est ni un média de service public ni un média d’État stricto sensu.