Résumé : L’histoire de la diffusion de la typographie et du fonctionnement du groupe socioprofessionnel des imprimeurs dans les cités francophones des Pays-Bas méridionaux de l’union d’Arras (1579) à la paix de Nimègue (1678) figurent au centre de cette dissertation doctorale. En l’espace de deux générations, des imprimeries se sont établies durablement dans les principaux centres urbains: à Douai (dès 1563 dans le sillage de l’université, et donc antérieurement au début de notre étude), Mons (1580), Arras (1591), Lille et Cambrai (1594), Valenciennes et Saint-Omer (1601), Ath et Tournai (1609), et pour finir Namur (1616). L’ordonnancement de cette étude épouse les interrogations suivantes : quels facteurs ont poussé des artisans expérimentés à venir s’établir dans des espaces jusqu’ici restés à l’écart des grands centres productifs de livres et d’imprimés ? Comment ont-ils réussi à s’adapter et à capter de nouveaux marchés ? Quels sont les rapports familiaux et professionnels entretenus par le groupe des typographes? Quelle place occupent les imprimeurs dans l’espace urbain ? Pour répondre à ces questions aux multiples développements, ce travail se décompose en quatre parties. En premier lieu, le schéma d’intégration urbaine des typographes a été examiné ainsi que les origines des précurseurs venus s’installer. Dans un second temps, notre regard s’est déporté sur le temps long de la conjoncture, de la production et de la censure pour nous permettre, non seulement de définir les positions respectives des villes, mais aussi pour dégager les principales orientations éditoriales investies par les imprimeurs. Le troisième volet met en lumière la structure sociale, familiale et professionnelle, le degré de fermeture du métier, ainsi que la place des femmes dans les ateliers. Enfin, les examens des réseaux professionnels et de l’identité urbaine acquise par les typographes clôturent cette étude.