Résumé : Objectifs de l’étude :Le but de l’étude était d’investiguer la marche des femmes enceintes souffrant de douleurs pelviennes et l’impact des ceintures pelviennes sur les douleurs ainsi que sur la marche. Dans un premier temps, nous avons analysé la marche de femmes enceintes saines. Dans un deuxième temps, nous avons étudié les douleurs pelviennes des femmes enceintes pathologiques et nous avons réalisé une analyse de leur marche.Dans un dernier temps, nous avons analysé l’effet du port de ceintures pelviennes sur la douleur et les paramètres de la marche chez les femmes enceintes souffrant de douleurs pelviennes. Cette dernière partie permettant aussi d’évaluer deux types de ceintures et deux hauteurs de placement de la ceinture.Méthode :136 femmes ont été recrutées afin de former trois groupes : un groupe contrôle constitué de femmes non enceintes, un groupe de femmes enceintes saines et un groupe de femmes enceintes souffrant de douleurs pelviennes. Des ceintures pelviennes furent mises à disposition de certaines femmes enceintes pathologiques durant le dernier trimestre de grossesse. Les femmes ont réalisé une évaluation de la marche à 3 vitesses de marche (préférentielle, rapide et lente) ainsi qu’une analyse de la douleur et des incapacités. Les paramètres de marche évalués ont été les paramètres spatio-temporels, l’évolution du centre de pression et la distribution des pressions plantaires. L’ensemble de ces données ont été mesurées grâce au tapis de marche électronique GAITRite.Résultats :Les femmes enceintes saines, par rapport au groupe contrôle, mettaient en place un pattern de marche spécifique dans le but de maintenir une marche stable : une marche lente avec une augmentation de la largeur des pas, de la phase d’appui et de la phase de double appui. Une diminution de la longueur des pas était observée ainsi qu’une diminution de la phase de simple appui. L’angle du pied était orienté vers le dehors et le pied était en pronation avec une latéralisation des contacts. Les douleurs pelviennes commençaient en moyenne entre la 14ème et la 21ème semaine de grossesse et se manifestaient essentiellement au niveau des articulations sacro-iliaques. L’intensité des douleurs était importante (60±20mm-EVA) ainsi que les incapacités (42/100-QBPDS).Nous n’avons pas observé de différence entre la marche des femmes enceintes pathologiques et celle des femmes enceintes saines. Les femmes pathologiques, malgré les douleurs, ne présentaient pas d’instabilités supplémentaires qui justifieraient des adaptations spécifiques. Cependant, la faible variabilité des paramètres illustrait une marche reproductible qui peut être une forme de stratégie pour éviter les douleurs.Les ceintures permettaient de diminuer les douleurs au niveau des articulations sacro-iliaques. L’intensité des douleurs a diminué de 20mm (EVA) ainsi que les incapacités. Aucune différence de la douleur n’a pu être mise en évidence en fonction du type de ceinture utilisé (étroite et flexible ou large et rigide). Les ceintures pourraient avoir un effet proprioceptif sur la marche des femmes enceintes souffrant de douleurs pelviennes : la vitesse de marche et la longueur des pas diminuaient et la largeur et l’angle des pas augmentaient. Les ceintures pourraient aussi avoir un effet biomécanique, favorisant le verrouillage du bassin et permettant une normalisation des phases d’appui et de simple appui. Néanmoins, aucune différence n’a pu être mise en évidence concernant le type de ceinture et la hauteur des ceintures. Conclusions :Ce travail a permis de quantifier les modifications des paramètres spatio-temporels, du centre de pression et de la répartition des pressions plantaires pendant la marche chez la femme enceinte. Les modifications observées au dernier trimestre témoignent d’une stratégie des patterns locomoteurs visant à améliorer la sécurité des déplacements. Les femmes enceintes souffrant de douleurs pelviennes présentaient des faibles modifications de ces patterns de marche. Il apparaît donc, à l’issue de notre étude, qu’une analyse quantifiée de la marche pourrait être contributive dans le cadre de la mise au point et du suivi de ces patientes. Malgré le peu de résultats significatifs, les ceintures pelviennes semblent prometteuses. Elles avaient un effet faible mais positif sur la marche et permettaient de diminuer les douleurs des femmes enceintes, leur facilitant ainsi le quotidien. Notre travail a également permis de montrer que la hauteur du placement de la ceinture pelvienne n’influençait pas les paramètres de la marche.