Résumé : La vie en groupe est très répandue dans le monde animal. Ces agrégats peuvent être divers. Certains ne se forment que pendant les phases de repos des individus, d’autres sont maintenus pendant tout leur cycle de vie. De très nombreuses études ont porté sur les avantages et désavantages de la vie en groupe vis-à-vis des attaques des prédateurs. Parmi les coûts identifiés il y a notamment le fait qu’un groupe peut attirer plus facilement des prédateurs, parmi les bénéfices, citons l’augmentation du nombre d’individus qui peuvent détecter une menace et dès la probabilité d’une fuite efficace ou l’effet de dilution. Dans ce cas, la probabilité de se faire capturer lors d’une attaque diminue avec la taille du groupe. Mais dans ces exemples, c’est l’agrégat lui-même qui attire les prédateurs et est dès lors à l’origine des perturbations auxquelles il va être soumis. Il y a cependant d’autres perturbations qui peuvent affecter les agrégats entiers sans que ceux-ci en soient à l’origine. Ces perturbations peuvent être d’origine humaine comme l’urbanisation. Elles sont caractérisées par leur capacité à rendre par exemple un site d’agrégation moins attirant ou même inutilisable. Un exemple classique est celui d’un arbre qui est habituellement utilisé chaque soir par une bande d’oiseux et qui devient moins attirant suite aux bruits et lumières d’origine anthropique. Dans notre étude nous nous intéressons à ce type de perturbations et comment celles-ci affectent le comportement collectif, à court et long terme, d’agrégation. Le modèle retenu est la blatte américaine, Periplaneta americana, dont le site de repos (l’abri) est perturbé avec de la lumière lors de la phase de repos.Sur des temps courts (<10 min), nous avons étudié comment la taille des agrégats influence la fuite collective. Nous avons mis en évidence des phénomènes d’amplification et d’inhibition de la fuite. La probabilité de fuir augmente avec le nombre d’individus fuyant et diminue avec le nombre d’individus agrégés. Toujours à court terme nous avons montré que des blattes isolés ne présentent pas de personnalité (pas de différence interindividuelle) pour les différents paramètres mesurés lors de la fuite résultant d’une perturbation de l’abri. A long-terme (1 semaine) nous avons montré que le choix initial d’un site d’agrégation se maintenait malgré les perturbations imposées. Les blattes ne migrent que lentement que vers un autre abri non perturbé et ce malgré que suite à une perturbation une grande partie du groupe quitte temporairement l’abri. Sur cette longue durée, nous avons mis en évidence non seulement une personnalité pour chaque individu mais également une personnalité collective au niveau du groupe. Ces personnalités sont observées dans les dynamiques d’agrégation et désagrégation journalières et lors des fuites suite aux perturbations.