Résumé : Résumé partie I : la figure de l’architecte et son rapport avec les autres sujets de l’art de bâtir évolue au cours des siècles. L’architecte démiurge se confronte à l’autorité du prince et fonde sa supériorité d’abord sur un savoir scientifique régit par les règles du beau objectif. La figure d’artiste lui confère une autorité fondée aussi sur l’intuition et la subjectivité du génie. Enfin, la considération du goût et de l’opinion du public modifie la hiérarchie des sujets, le beau est investi d’une dimension subjective à laquelle accède le public. La posture didactique des architectes et la démocratisation des savoir offre à la figure d’accéder à l’architecture, il est reconnu comme spécialiste de l’habiter. La multiplication des figures, architectes et commanditaires publics ainsi que la diffusion et l’échange des savoirs, vont être organisés dans les configurations de la grammaire participative autour d’objets, la ville, le logement et d’objectifs éthiques pour la qualité de vie et le bonheur. L’urbanisme naissant est un des domaines d’applications de la grammaire participative. Les crises urbaines focalisent la déclinaison de configurations qui s’intéressent au milieu et aux habitants qui y vivent ainsi qu’à l’évolution de la ville comme « récif humain ». Lieu de configurations délibératives pendant l’Antiquité, la ville est l’objet humain des communautés actives au Moyen âge tandis que lors de la crise industrielle, les injustices sociales et la taudification délitent les communautés. Des configurations de la grammaire de la participation sont élaborées par les auteurs de l’époque et seront répétés dans les écrits du siècle suivant, notamment l’importance de l’apprentissage qui permet au citoyen averti d’agir et de participer. Un apprentissage qui s’effectue par le biais de mediums : l’enquête, les voyages et les expositions ou les musées urbains. La connaissance des autres assure l’acceptation de la différence et favorise la recherche d’un bonheur commun. Le consensus démocratique sur l’environnement des citoyens est un objectif de la participation. Les idées de Geddes sont diffusées aux Etats-Unis, par Lewis Mumford et des architectes proches de ce dernier, rédigent une méthode pour un urbanisme éducatif et participatif, initié au cœur du New Deal américain. En France, lors de la reconstruction, ont lieu des séances d’information et de concertation avec les populations sinistrées, comme à Maubeuge en 1945. M. Poëte et G. Bardet fondent l’urbanisme humaniste dont la configuration polyphonique préside à la reconstruction. Résumé partie II : La grammaire participative fait partie de la culture des architectes modernistes des CIAM. Le Corbusier expérimente une configuration « expressiviste » avec les paysans de la Sarthe et met au point un manuel destiné à l’autoconstruction. Le groupe américain des CIAM apporte une configuration processuelle dans laquelle la hiérarchie des figures s’estompe. Ils interviennent en faveur d'une réflexion sur la communauté, figure de l’autre participant, comme thème du premier congrès CIAM d'après guerre de 1947. Les thématiques retenues, incongrues en cette période de crise du logement causée par la guerre, concernent finalement l’expression architecturale et un état des lieux de l’architecture dans les pays des membres. Néanmoins, la question de la participation est amenée, notamment par la configuration « empiriste » de J.M. Richards dont la figure de l’autre est « l’homme commun ». Le débat s’oriente sur le langage de l’architecture et la compréhension qu’en a l’homme de la rue. Dans la configuration « empiriste » ridchardsienne, le médium de la grammaire participative est élaboré sur le modèle de la configuration « éducative » des pays scandinaves, un langage issu de la construction et de l’utilisation de matériaux traditionnels. A Bridgwater, la jeune génération signale l’émergence d’une conscience nouvelle et valorise l’ordinaire et l’imagination en opposition à la rationalité pure de l’architecture moderniste. La figure de l’autre est dotée d’un savoir réflexif, sensible et subjectif. Elle peut amener sa créativité au savoir scientifique de l’architecte. Malgré tout, l’ancienne garde du modernisme élude l’idée de participation et songe à interroger la réception de l’objet architectural par le public. Le milieu architectural moderniste est le lieu de débat international le plus actif à ce moment avec l'UIA. Il rassemble avant son éclatement deux tendances opposées dont l’une emprunte la voie de l'esthétique, avec l’objet architectural comme finalité, tandis que l’autre valorise le processus architectural participatif.Résumé partie III : La voie du processus architectural, en opposition à l'objet architectural, est empruntée par la nouvelle génération d'architectes notamment le Team Ten. Envisager l'architecture comme un processus entraîne sa redéfinition et consiste à étendre le logement au concept « d’Habitat». Il est basé d'une part sur un tandem architecture - urbanisme et d'autre part sur un duo architecture - contexte au sens large de paysage, de culture du site et d'histoire du lieu. L’article de De Carlo de 1948, montre qu’une attitude de participation est la condition de l’architecture redéfinie. Le concept d'Habitat est situé dans l'espace même si on peut le définir comme local, l'échelle régionale est interrogée. La posture écologique se marque également sur les problématiques des infrastructures de déplacement dans le « quartier ». C’est l’échelle de la proximité qui est valorisée, le piéton et le lien social. La configuration organique de B. Zévi explicite l’attention au milieu. Il propose d’apprendre à voir l’architecture. La figure de l’autre manie ce médium pour participer. Le temps et le mouvement sont présents dans la terminologie utilisée par les architectes. L'objectif de l’Habitat est la flexibilité et l'évolutivité. Des configurations se basent sur l’informatique et la polyvalence des structures. L'architecture «ouverte » est un médium pour donner à l'usager le pouvoir de l'action dans le temps. Les superstructures servent l’objectif de mobilité, de flexibilité et de participation. C’est le public qui les remplit. La contextualisation de l’architecture donne lieu à des enquêtes et à une fascination pour l'ordinaire ou le spécifique. Mais seuls quelques architectes vont au delà d'une récolte d’informations et considèrent l’égalité de l’autre pour permettre un échange de savoir. La posture didactique sert à rendre l’architecture « apprentissable», ainsi du jardinage à l'autoconstruction ou l’autoplanification, les architectes développent des participations directes ou indirectes et des outils destinés aux usagers. La fortune critique de la participation permet de poursuivre le tracé des filières jusqu’en soixante huit. Les modes de rassemblement et de communication des professionnels, l’histoire de l’architecture et certaines filières d’enseignement montrer une collusion de facteurs induisant une généralisation des pratiques architecturales participatives au cours de la décennie soixante dix.