Résumé : Les maladies chroniques (dont les maladies cardio-vasculaires (MCV)) constituent dans la majorité des pays en Europe voire dans le monde, une des principales causes de mortalité et de morbidité. En Belgique, ces pathologies sont responsables de 37% des décès (33% des décès chez les hommes et 40% chez les femmes) .

Les études épidémiologiques ont montré que certaines populations sont plus susceptibles que d’autres de développer ou de décéder des maladies cardio-vasculaires (1). Pendant longtemps, l’Europe a été caractérisée par des écarts importants de mortalité cardio-vasculaire entre le Nord, plus à risque, et le Sud. Ces différences entre populations s’expliquent par des facteurs génétiques, environnementaux, sociaux et culturels.

Parmi les facteurs culturels et environnementaux, des travaux scientifiques montrent, depuis plusieurs dizaines d’années, que l’alimentation et l’état nutritionnel participent de façon essentielle au développement et à l’expression clinique des maladies dans l’ensemble des pays industrialisés. Un équilibre nutritionnel, une consommation alimentaire variée, avec une répartition satisfaisante des quantités ingérées permettent de préserver un bon état de santé.

Les études épidémiologiques interethniques ont joué un rôle important dans l’avancée de la recherche de ces facteurs. Les études d’observation révèlent que lorsque des sujets d’un groupe ethnique particulier changent d’environnement, leur statut physique change au contact du nouvel environnement et diffère généralement de ceux restés dans le pays d’origine. La comparaison des taux de mortalité et de morbidité des immigrés de longue date aux taux observés dans le pays d’origine permet d’étudier la contribution des facteurs génétiques et environnementaux dans les variations de morbidité et de mortalité.

Les différences de morbidité et de mortalité entre ethnies ont été largement documentées pour les immigrés hispaniques, africains et sud-asiatiques en Amérique du Nord et en Grande Bretagne. Ces études ont montré que le profil de santé des immigrés est influencé tant par l’environnement du pays de naissance que par celui du pays d’accueil. L’influence de ces deux environnements peut donner lieu à 3 modèles de morbidité et de mortalité : la sous-mortalité (principalement observée parmi les immigrés de première génération issus de pays moins développés), la convergence (mortalité ou morbidité égale. Ce modèle concerne essentiellement les immigrés de seconde génération) et le dépassement (sur-mortalité ou sur-morbidité).

La santé des immigrés en Belgique est mal connue et peu étudiée. Dans la majorité des statistiques sanitaires comme dans les recherches épidémiologiques, les critères de nationalité et de naissance soit n'apparaissent pas du tout, soit ne font l'objet d'aucune analyse. L'occultation de ces variables a cependant pour conséquence de laisser dans l'ombre des indications précieuses pour la mise en œuvre de politiques de santé publique.

Bien que d’un intérêt évident en épidémiologie, les études interethniques posent un certain nombre de problèmes méthodologiques. Difficile à traiter, cette question n'en demeure pas moins essentielle à penser.