Résumé : Anglais:

Through a comparative examination of Montreal and Brussels, this thesis considers the way city dwellers shaped the social and cultural significance of urban space in terms of sensorial experiences and bodily practices. The analysis is based primarily on qualitative sources relating to urban life and to the relationship with the city environment during the period 1880-1914, a time when cities underwent intense transformations associated with modernity and industrialisation. The discourses and representations examined in this study were produced by a wide range of urban actors, including elected officials and municipal bureaucrats, industrialists, urban reformers, factory and housing inspectors, workers, doctors, hygienists, writers, artists and ordinary citizens.

This was a period in which the city was increasingly conceptualised as a total, organic object. Consequently, the thesis first examines representations, both critical and celebratory, of these cities in their entirety, showing how the discourse about urban space was constructed through experiences with, and perceptions of, its materiality. The subsequent chapters examine, in turn, spaces of industrial production, homes and the streets. In each of these spaces, representations of these changing environments were produced in marked reference to the body and the senses. In a time marked by the rise of scientific and rational thought, the sources consulted demonstrate the centrality of personal and subjective experiences in the construction of understandings of the city. Analysing these specific milieus also affords the opportunity to consider the cultural significance of the body, as well as its place in the social tensions that characterised the period.

The comparative approach through which these cities are analysed illuminates the development of similar processes in analogous, yet discrete, contexts. In this way, certain specificities of Brussels and Montreal, as well the commonalities they shared, are brought to light. The principal objective of this bipartite perspective, however, is to demonstrate, in reference to two local examples, how urban dwellers interiorised vast processes of global transformation by means of their bodies, the spaces through which they moved on a daily basis, as well as their immediate socio-cultural context.

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Français:

Se penchant sur les cas de Montréal et de Bruxelles en comparaison, cette thèse examine la façon dont, à travers la perception sensorielle et les pratiques corporelles des citadins, la signification sociale et culturelle de l’espace urbain se construit. L’analyse se base principalement sur des sources discursives témoignant de la vie urbaine et du rapport à l’espace d’une multitude d’acteurs durant la période 1880-1914, traversée par d’intenses transformations liées à la modernité et à l’industrialisation. Les discours émanant des élus et des fonctionnaires municipaux, des industriels, des réformateurs urbains, des inspecteurs d’usines et de logements, des ouvriers, des médecins, des hygiénistes, des écrivains, des artistes et de simples citoyens ont été consultés.

S’agissant d’une époque où la ville est de plus en plus conceptualisée dans sa totalité, la thèse aborde, dans un premier temps, les discours, à la fois critiques et élogieux, concernant la ville industrielle dans son ensemble, en montrant comment ceux-ci sont construits par rapport à l’expérience et aux perceptions de la matérialité urbaine. Puis, dans les chapitres subséquents, les lieux de production industrielle, le logement et les rues sont examinés successivement. Dans chacun de ces types d’espace, les discours faisant état de l’intensification des transformations à l’environnement se déclinent, de façon prononcée, en référence au corps et aux sens. Ils témoignent de la place prépondérante des expériences personnelles et subjectives dans la construction du rapport à l’espace urbain, et ce à une époque marquée par la montée de la pensée scientifique et rationnelle. L’analyse de ces milieux permet aussi de mettre en relief la façon dont se construit la signification culturelle du corps, ainsi que la place de celui-ci dans l’évolution des tensions sociales caractéristiques de l’époque.

À travers une approche comparative, l’étude de ces deux villes permet d’examiner l’évolution de processus similaires dans deux contextes analogues, mais distincts. Ainsi est-il possible de déceler certaines spécificités de Bruxelles et de Montréal, de même que des traits communs aux deux villes. Cependant, l’apport principal de cette perspective croisée est de montrer, à la lumière de deux exemples locaux, la manière dont les citadins intériorisent de vastes processus globaux de transformation par le biais de leur corps, des espaces qu’ils fréquentent quotidiennement, et de leur contexte socioculturel immédiat.