Résumé : Le Trypanosome africain, dont Trypanosoma brucei est le prototype, est un parasite sévissant en Afrique sub-tropicale. Il est responsable de la maladie du sommeil chez l’Homme et de diverses affections chez les animaux tant sauvages que domestiques.

T. brucei est un parasite extracellulaire qui se développe dans le sang de son hôte mammifère. Il est donc confronté en permanence au système immunitaire de l’hôte et a en conséquence, afin de générer un environnement plus favorable à sa croissance, établit différents mécanismes d’échappement tels que la variation antigénique ou l’immunomodulation.

Dans ce contexte, il a été montré que T.brucei libère des facteurs capables d’induire la voie arginase des macrophages. Cette induction peut favoriser la croissance des trypanosomes dans le sang de leur hôte de diverses manières. Premièrement, l’arginase participe à la synthèse de composés tels que les polyamines ou la trypanothione, facteurs de croissance des cellules. Deuxièmement, l’arginase partage le même substrat que la NO synthase inductible (iNOS), ces deux enzymes sont donc en compétition et l’activation de l’arginase pourrait contribuer à diminuer la quantité de NO, composé cytostatique et cytotoxique, produit par les macrophages en limitant le substrat disponible pour l’iNOS. Troisièmement, la déplétion du milieu en arginine suite à l’activation de l’arginase inhibe la prolifération de cellules du système immunitaire dont les lymphocytes T.

Nous avons identifié une chaîne lourde de kinésine chez T.brucei, TbKHC1 (Trypanosoma brucei Kinesin Heavy Chain 1), appartenant à la superfamille des kinésines, comme un candidat potentiellement capable d’induire la voie arginase des macrophages. TbKHC1 est principalement exprimée au stade sanguicole du parasite et est localisée au niveau de la région endo-exocytaire. Dans un modèle d’infection murin, une invalidation de l’expression de TbKHC1 (par ARN interférence ou par knock-out) conduit à une diminution du premier pic de parasitémie et à une prolongation de la survie des souris infectées. Nous avons montré que TbKHC1 joue un rôle dans l’interaction hôte/parasite à deux niveaux indépendants : premièrement, l’induction de la voie arginase des macrophages par TbKHC1 en début d’infection favorise la croissance du parasite et son établissement au sein de son hôte. Deuxièmement, elle joue un rôle dans l’induction de la pathologie liée à l’infection.