Résumé : L’objectif de notre travail était de déterminer le rôle joué par l’érythropoïétine et la

thrombopoïétine, respectivement, dans l’anémie et la thrombocytopénie observées

chez des enfants souffrant d’une hémopathie maligne.

Par le dosage simultané de la forme soluble du récepteur de la transferrine et de

l’érythropoïétine dans le sérum nous avons montré que l’anémie observée chez ces

patients est bien la conséquence d’une réduction du nombre de progéniteurs

érythropoïétiques (atteinte médullaire centrale) mais que celle-ci n’est pas la

conséquence d’une production insuffisante d’érythropoïétine. Nous avons fait la

même observation chez des enfants souffrant d’une tumeur solide non

hématologique et chez des patients en cours de traitement par chimiothérapie.

Chez ces derniers patients, en appliquant un modèle de culture de moelle à long

terme, nous avons pu démontrer l’existence d’une altération du microenvironnement

médullaire, probablement induite par la chimiothérapie, se

traduisant par une réduction de son aptitude à supporter le développement de la

lignée érythroïde. Ceci expliquant au moins partiellement l’inadéquation de la

réponse érythropoïétique observée chez ces patients en réponse à l’anémie.

Dans la dernière partie du travail, nous avons montré que la thrombocytopénie très

fréquemment observée chez les patients leucémiques s’accompagne dans la

majorité des cas d’une élévation exponentielle de la concentration de

thrombopoïétine, excepté dans les cas de leucémies de la lignée myéloïde. Chez ces

derniers la concentration de thrombopoïétine est proche des valeurs observées chez

des sujets normaux alors qu’elle devrait être 10 à 100 fois plus élevée compte tenu

du nombre de plaquettes extrêmement bas. Nous avons pu montrer que ces taux

très bas sont la conséquence de la liaison de la thrombopoïétine à un récepteur

spécifique et fonctionnel présent à la surface des cellules leucémiques myéloïdes

qui, en l’utilisant comme facteur de croissance, (stimulant leur prolifération et

retardant leur mort cellulaire) « consomment » la thrombopoïétine présente dans le

sérum.