Résumé : Dans cette étude, les relations entre la structure forestière à l’échelle du paysage d’une part, la composition et le fonctionnement des forêts d’autre part, ont été analysées dans un écosystème de transition forêt-savane (Département de Tanda, Est Côte d’Ivoire). L’objectif principal de cette thèse était de tester l’hypothèse centrale de l’écologie du paysage, connue sous le vocable pattern-process paradigm, selon laquelle les trois composantes du système écologiques à savoir la structure, la composition et le fonctionnement, sont interdépendantes, et qu’en analysant l’une d’elle, des déductions utiles peuvent être faites sur les autres.

Nos résultats ont montré que l’équilibre écologique des forêts de la zone d’étude était fortement perturbé. L’agriculture itinérante sur brûlis, l’exploitation forestière et les feux de végétation ont été identifiés comme étant les principaux agents de ces dynamiques. La matrice du paysage, qui était initialement constituée d’une couverture continue de forêt dense, a été substituée par une mosaïque de savanes, de champs et de forêts exploitées, présentant des niveaux variables de dégradations anthropiques. L’utilisation de données multi-spectrales a permis de quantifier ces dégradations. Premièrement, sur base de l’information spectrale, nous avons distingué deux sous-types de forêts, différents entre eux en termes de densité, de composition, de stratégie dominante et de niveau de dégradation. Deuxièmement, une corrélation significative a été obtenue entre la dégradation et le degré de fragmentation des forêts, quantifiable à partir d’indices structuraux basés sur le nombre de taches, la proportion de forêts et le périmètre des taches forestières dans le paysage. La fragmentation semble avoir produit deux effets distincts sur la composition forestière ; elle détermine la taille et l’isolation des fragments aussi bien que les lisières forestières. Les dynamiques temporelles de la structure et de la composition du paysage forestier dans notre région d’étude a montré que la déforestation était plus sensible dans la partie Sud de la zone d’étude, en dépit du climat favorable, alors que dans la partie Nord, proche des savanes Guinéennes, la simulation des dynamiques à partir de la chaine de Markov a montré une tendance à la reprise forestière.

En définitive, notre étude a mis en évidence que la zone de transition forêt-savane étudiée était fortement dynamique. Dans une région où aucune réserve forestière n’existe réellement et où le front forestier régresse ou se dégrade rapidement, notre approche permet de poser les bases d’une politique rationnelle de protection des forêts, en établissant des seuils structuraux minimaux des fragments nécessaires à la préservation du biotope originel.

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