Résumé : La massification du tourisme s’est accompagnée d’une augmentation et d’une transformation morphologique importantes de l’immobilier touristique. En Wallonie, ce processus s’est exprimé par un écrémage des formes traditionnelles d’hébergement (l’hôtellerie notamment) et par le développement en dehors des agglomérations d’éléments bâtis de grande capacité aux formes et aux matériaux les plus divers. Parmi ceux-ci figurent les établissements de tourisme social, les campings, les villages de vacances et les parcs résidentiels de week-end.

Toutefois, à côté de l’offre officielle subsiste, dans une sorte d’invisibilité, un grand nombre d’infrastructures. S’y sont développées des morphologies hétéroclites et vernaculaires, en totale illégalité vis-à-vis des normes et des réglementations en vigueur en matière d’urbanisme, de confort, voire d’hygiène et de sécurité. Cette situation pour le moins chaotique et mal connue interpelle car elle constitue un obstacle majeur à tout suivi, statistique notamment, et gêne les tentatives d’élaboration de politiques touristiques et territoriales. Consacrée aux hébergements de grande capacité de la Wallonie, cette thèse invite donc à la compréhension d’un phénomène conflictuel et particulièrement confus.

Plusieurs démarches sont ici suivies : la reconstitution de l’écheveau complexe du système de production des hébergements de grande capacité ; puis, l’analyse des ressorts politiques et juridiques qui autorisent le développement désordonné d’une offre essentiellement de nature résidentielle. Enfin, à partir d’une typologie s’affranchissant des catégories classiques d’hébergement, la recherche amène à redéfinir les différents types d’hébergement selon leur mode d’occupation. Une approche d’autant plus nécessaire que la limite entre le touristique et le non-touristique est de plus en plus perméable.