Résumé : L’annonce des résultats du diagnostic d’une maladie grave est toujours un moment difficile à vivre pour le patient et, dans une moindre mesure, pour le médecin. Lorsqu’il s’agit du VIH/SIDA, la difficulté est d’autant plus importante que bien souvent, cette maladie véhicule honte et culpabilité avec risque de stigmatisation de la personne séropositive. Chez les femmes enceintes burundaises, cette situation est encore plus préoccupante. Des barrières liées au contexte socio-culturel les poussent à des conduites d’évitement du test du VIH, alors que le dépistage constitue une porte d’entrée pour les soins de prévention de la transmission du VIH de la mère à l’enfant.

L’objectif de cette thèse était de comprendre l’état psychologique des femmes enceintes lors du dépistage du VIH dans les services de Prévention de la Transmission Mère-Enfant (PTME) du VIH à Bujumbura. Cette compréhension permettrait d’optimiser la prise en charge psychologique de ces femmes enceintes au moment du dépistage du VIH et de mettre en place un accompagnement psychosocial dans leur milieu de vie. De façon spécifique, ce travail visait à : (1) analyser le contenu verbal des entretiens de conseils pré et post-test tels qu’ils sont faits dans les services de PTME, et de les comparer avec les normes proposées en la matière par l’OMS ; (2) évaluer l’anxiété chez les femmes enceintes à différents moments du dépistage du VIH; (3) analyser les raisons du refus du dépistage et du renoncement aux soins par les femmes enceintes séropositives à VIH.

La recherche a été réalisée principalement auprès des femmes enceintes rencontrées dans les services de consultation prénatale à Bujumbura, capitale du Burundi. Les outils de récolte des données étaient des entretiens conseillers-femmes enceintes au cours des activités de dépistage, les échelles d’évaluation de l’anxiété (HADS et STAI), des questionnaires de rétention/impact de l’information, des focus groups et un récit de vie. Ces outils nous ont permis de recueillir des données que nous avons traitées qualitativement par analyse de contenu et quantitativement par des analyses statistiques avec le logiciel SPSS.

Les résultats sont présentés dans cinq études. Notre première étude a montré que l’adaptation locale du schéma proposé par l’OMS pour les conseils pré et post-test en dépistage prénatal du VIH est une nécessité. Cela permettrait aux conseillers de mieux communiquer avec les femmes enceintes. Les trois autres études portant sur l’évaluation de l’anxiété ont montré que les besoins psychologiques des femmes enceintes au cours du dépistage du VIH devraient être reconnus et pris en compte. La détection de l’anxiété devrait être systématique afin de commencer une prise en charge psychologique dès le début du processus de dépistage et ainsi aller au devant des conduites d’évitement. La cinquième et dernière étude a montré que la stigmatisation et ses conséquences seraient à la base du refus du dépistage du VIH et du traitement en cas de séropositivité. Dès lors, le suivi médical doit être associé à un suivi psychologique pour réaliser une prise en charge intégrée des femmes enceintes dans les services de PTME. En continuité avec cette prise en charge au niveau des structures de santé, des stratégies d’accompagnement psychosocial adéquates devraient être planifiées au niveau des communautés. En outre, nous recommandons des études visant les problématiques psychologiques et sociales liées au VIH/SIDA chez la femme enceinte au Burundi.

Abstract:The announcement of the diagnosis of a serious illness is always a difficult experience for the patient and to a lesser extent, to the doctor. When it comes to HIV / AIDS, the challenge is even more important that in many cases, this disease vehicle with shame, guilt and risk of stigmatization of HIV-positive person. For pregnant women in Burundi, the situation is even more worrying. Socio-cultural barriers cause avoidance of HIV testing, while the screening is a gateway to care for the prevention of HIV transmission from mother to child.

The objective of this thesis was to understand the psychological state of pregnant women in HIV testing services in the Prevention of Mother to Child Transmission (PMTCT) of HIV in Bujumbura. This understanding would maximize the psychological care of pregnant women at the time of HIV testing and to develop psychosocial support in their living environment. Specifically, this work aimed to: (1) analyzing the verbal content of counseling interviews pre and post-test as they are made in PMTCT services, and compare them with the proposed standards in this area by WHO, (2) assess anxiety in pregnant women at different stages of HIV testing, (3) analyze the reasons for refusal of screening and seeking care for pregnant HIV-positive.

The research was conducted mainly among pregnant women encountered in antenatal clinics in Bujumbura, Burundi's capital. Tools for data collection were interviews between counselors and pregnant women during routine screening, rating scales of anxiety (HADS and STAI), questionnaires of retention / impact of information, focus groups and a life story. These tools have allowed us to collect data that we have treated qualitatively by content analysis and quantitatively by statistical analysis using SPSS.

The results are presented in five studies. Our first study showed that local adaptation of the scheme proposed by the WHO for counseling pre and post-test in antenatal HIV testing is a necessity. This would allow counselors to better communicate with pregnant women. The other three studies of anxiety assessment showed that the psychological needs of pregnant women in HIV testing should be recognized and taken into account. Anxiety screening should be systematic to begin psychological support early in the process of HIV testing. The fifth and final study showed that stigma and its consequences would be the causes for refusal of HIV testing and treatment in HIV positive cases. Therefore, medical care should be combined with psychological support to achieve an optimal management of pregnant women in PMTCT services. In continuity with this support in the structures of health, psychosocial support strategies should be planned at the community level. In addition, we recommend studies related to psychological and social issues of HIV / AIDS among pregnant women in Burundi.