Résumé : Introduction: Le paludisme est une maladie parasitaire curable. Il sévit sous une forme endémique depuis des temps immémoriaux. Malgré le recul de l’endémie observé au cours de la dernière décennie à la suite des efforts menés à un niveau international, l’Afrique essentiellement tropicale continue encore à supporter une importante charge de morbidité et de mortalité liée au paludisme. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que sur les 216 millions malades et 655 000 décès survenus dans le monde en 2010, respectivement 80,6% et 91,6% l’étaient en Afrique tropicale. Au cours de cette année 2010, dans cette partie du monde, à chaque minute, un enfant de moins 5 ans est décédé des suites du paludisme. A elle seule, la République Démocratique du Congo (RDC) a supporté 13,3% de la charge mondiale de morbidité estimée en 2010.

La malnutrition est un autre fléau qui frappe le monde depuis la nuit des temps. Les pays les plus touchés sont ceux-là mêmes qui sont concernés par l’endémie palustre. En 2010, 38% d’enfants africains âgés de moins de 5 ans souffraient d’un retard de croissance et 9% étaient émaciés. Ces formes de malnutrition concernaient respectivement 43% et 9% d’enfants de la RDC.

Le paludisme et la malnutrition coexistent. Néanmoins, leur relation demeure un sujet de controverse malgré de nombreuses études menées sur le sujet. Certains auteurs affirment que la malnutrition protégerait contre le paludisme alors que d’autres soutiennent le contraire. Une troisième catégorie d’auteurs atteste qu’il n’existe aucune relation.

Ces divergences de points de vues font que, sur le terrain, dans une même localité, certains préconisent le traitement systématique du paludisme au cours de la réhabilitation nutritionnelle alors que d’autres n’administrent les médicaments que pour les cas avérés de paludisme.

Dans le but de contribuer non seulement à l’amélioration des connaissances sur cette relation entre la malnutrition et le paludisme, mais aussi à la rationalisation de la prise en charge du paludisme dans les zones de coexistence des deux entités, des études ont été menées au Kivu, dans la partie Est de la RDC.

Méthodologie:En vue d’atteindre ce but, les résultats de six analyses de données, portant sur cinq études épidémiologiques menées au Kivu en RDC, sont présentés dans cette monographie.

La monographie est composée de quatre parties. La première partie est consacrée à des généralités sur le paludisme et la malnutrition et la quatrième partie est une synthèse générale.

Les résultats des six analyses évoquées ci-haut font, chacun l’objet d’un chapitre et sont regroupés au sein de deux parties portant respectivement sur la description de la relation entre la malnutrition et le paludisme (deuxième partie) et sur le traitement antipaludéen chez l’enfant sévèrement malnutri (troisième partie).

La description de la relation entre le paludisme et la malnutrition est le résultat des analyses de données de trois études. Les deux premières études font l’objet d’analyses rétrospectives des données de routine récoltées au sein de l’hôpital pédiatrique de Lwiro. La troisième étude est prospective et réalisée en communauté.

Le traitement antipaludéen chez l’enfant sévèrement malnutri est abordé à travers deux études menées en milieu hospitalier.

La première étude de cette partie a été menée à l’hôpital pédiatrique de Lwiro. Cette étude portait sur l’efficacité de la combinaison Artésunate-Amodiaquine (AS+AQ) dans le traitement du paludisme non compliqué à Plasmodium falciparum. Elle a été réalisée suivant le protocole standard de l’OMS portant sur l’évaluation et la surveillance de l’efficacité des antipaludiques pour le traitement du paludisme à Plasmodium falciparum non compliqué. Cependant, en plus des enfants habituellement inclus dans ces études d’efficacité selon le protocole de l’OMS, cette étude a intégré les enfants souffrant de la malnutrition sévère. Cette étude a conduit à deux analyses distinctes ayant fait chacune l’objet d’un chapitre. La première analyse s’est focalisée sur l’efficacité proprement dite du traitement antipaludéen. La seconde analyse a utilisé les données individuelles des enfants inclus dans cette étude sur l’efficacité du traitement antipaludéen pour explorer la production des gamétocytes de Plasmodium falciparum chez l’enfant souffrant de Malnutrition Aigue Sévère (MAS).

La deuxième étude de cette partie consacrée au traitement antipaludéen chez l’enfant malnutri sévère porte sur l’efficacité d’une stratégie de traitement antipaludéen systématique chez l’enfant malnutri au cours de la réhabilitation nutritionnelle. Il s’est agi d’un essai clinique randomisé en double aveugle, réalisé au centre thérapeutique nutritionnel de l’hôpital général de référence de Kirotshe. Les enfants malnutris admis dans le programme de réhabilitation nutritionnelle étaient assignés dans l’un des deux groupes d’étude selon une procédure aléatoire. Le groupe d’intervention recevait systématiquement la combinaison AS+AQ à la posologie habituelle et le groupe témoin recevait un placebo composé d’avicel 97,1%, stéarate de magnésium 1,9%, aérosil 1% et de colorant.

Les quatre premières études ont eu lieu dans la zone de santé de Miti Murhesa dans la province du Sud Kivu et la dernière a été menée dans la zone de santé de Kirotshe dans la province du Nord Kivu en RDC.

Résultats: [1] \