Résumé : La présente étude porte sur l'expression de la mémoire féminine dans les fictions traitant de la guerre civile espagnole (1936-1939) et du franquisme. Elle s’intéresse plus particulièrement aux œuvres publiées depuis la fin de la dictature (1975) jusqu’en 2010, en français (Agustin Gomez-Arcos et Mercedes Deambrosis) et en espagnol (Dulce Chacón, Carme Riera, Josefina Aldecoa, Jesús Ferrero, Marifé Santiago Bolaños et Ángeles Caso).

Nous nous attachons d’abord à l’étude globale des représentations des expériences féminines de la guerre et de la répression. Dans l’écriture des violences subies comme dans celle des luttes et résistances, la double dimension politique et de genre émerge. L’analyse se resserre ensuite sur les représentations du traumatisme, entre manifestations pathologiques et tentatives de ritualisation. Nous montrons à cet égard comment le récit peut assumer une fonction rituelle.

La « poétique du traumatisme » mise au jour dans le corpus d’étude qualifie des réalisations formelles diverses, rassemblées en trois ensembles, correspondant à autant de lieux possibles d’ancrage du traumatisme : le rapport générationnel, le corps et la voix. Une attention spéciale est accordée à la figure de la victime. Des phénomènes tels que la répétition et la délinéarisation, apparaissant à divers niveaux du récit, éclairent le rapport que les fictions entretiennent avec le passé ainsi que leurs positions éthiques et politiques dans le présent de la démocratie.

The current study explores the expression of women’s memory in literary works dealing with the Spanish Civil War (1936-1939) and Francoism. It focuses on the fictional narratives published between the end of the dictatorship (1975) and 2010, in French (Agustin Gomez-Arcos and Mercedes Deambrosis) and Spanish (Dulce Chacón Carme Riera, Josefina Aldecoa, Jesús Ferrero, Marifé Santiago Bolaños and Ángeles Caso).

The thesis first conducts a global analysis on the representations of women’s experiences of war and repression. In the writing of violence, struggle and resistance, the double political and gendered dimension emerges. The research focuses subsequently on the trauma representations, between pathological manifestations and ritual attempts, and shows how narrative can assume a ritual function.

The « poetics of trauma » characterises various formal realisations, divided into three groups. Each of them embodies a possible space for the inscription of trauma : the generational link, the body and the voice. Special attention is given to the figure of the victim. Phenomena such as repetition and delinearisation, that appear at various levels, clarify the relationship that fictional narratives build with the past as well as their ethical and political positions in the democracy.