Résumé : Les Ndengese occupent avec les Ikolombe, Isolu et Yaelima, la région qui est devenue le Territoire administratif de Dekese dans la cuvette centrale de la R.D.Congo. Cette thèse ne prétend être qu’une simple introduction à l’étude de la société ndengese. Elle est une perspective micro-politique inscrite dans la longue durée pour comprendre les institutions et les pratiques politiques, en intégrant les dimensions des idéologies et de la culture. Elle a été sensible à l’enchevêtrement des logiques sociales et aux « jeux d’échelles » pour analyser les phénomènes sociaux transversaux en y croisant situations, langages et époques différentes (précoloniale, coloniale et postcoloniale). Fondée sur des sources variées, elle a bénéficié des apports de plusieurs disciplines afin de cerner les différentes manifestations du politique. Anthropologie et histoire en constituent l’épine dorsale.

C’est essentiellement un mode de lecture du fait politique, les chefferies à travers les âges: conditions d’émergence et d’institutionnalisation, sources de légitimité, supports territoriaux et symboliques, fonctionnement réel, enjeux et conflits. L’analyse de tels processus a nécessité la prise en compte de la dispersion des idées politiques dans les institutions sociales et familiales, la religion, la littérature, l’art et l’économie. On n’a pas négligé pourtant, leurs liens à l’ordre social et les rapports avec les structures politico-administratives étatiques dans lesquelles les chefferies sont enchâssées. Cette dissertation a combiné deux grandes perspectives du pouvoir politique : symbolique et sociologique. Dans la perspective symbolique renouvelée, une des entrées principales a été celle de la « mise en scène » du pouvoir, dans des contextes variés, pour assurer sa légitimité. A été ainsi mis en exergue le concept de « traditions », renvoyant aux analyses de Hobsbawm et Ranger (1983). Cette perspective de l’ethnologie classique du pouvoir politique a été complétée par celle de la sociologie politique davantage tournée vers la « domination » au sens wébérien, les enjeux et relation de pouvoir, ainsi que l’étude des comportements des acteurs : stratégies et tactiques individuelles et collectives. On s’est intéressé aux dynamiques politiques locales produites à travers l’interaction entre les facteurs internes et externes, et aux modalités de réception, d’interprétation et d’appropriation afin d’y lire un peu de « sens ». En cela, cette thèse est « une anthropologie des mondes contemporains » (Augé 1994) avec un arrière-fond historique important. Elle a privilégié l’analyse des interactions aussi bien rituelles qu’administratives. Ces regards croisés du pouvoir politique local ont ainsi permis d’articuler ce qu’Olivier de Sardan (2005) appelle « ethnographie classique et socio-anthropologie des espaces publics en Afrique ».