Résumé : Cette étude comparative des langues de l’entre Congo-Ubangi entreprend la documentation, la classification et la reconstruction de dix langues bantoues (bolondó, bonyange, ebudzá, ebwela, libóbi, lingɔmbɛ, mondóngó, monyɔ́ngɔ, mosángé, págáɓéte) parlées dans l’aire géographique comprise entre les fleuves Congo et Ubangi dans le nord-ouest de la RD Congo et présente leur interaction avec les langues oubanguiennes voisines (gbánzírí, gɔ́bú, máɓó, mbānzā, monzɔmbɔ, ngbandi, ngbaka).

Une étude lexicostatistique quantitative détermine le degré de similarité entre les langues bantoues à l’étude avant d’établir classification phylogénétique intégrant ces langues dans un groupe plus large totalisant 401 langues bantoues illustrée par des arbres Neighbor-Net et des Neighbor-Joining.

La description phonologique signale la présence de certains phonèmes étrangers au système proto-bantou (implosives et labiovélaires) fonctionnant non comme des allophones mais des phonèmes distincts de leurs correspondants explosifs et vélaires dans plusieurs langues. Ainsi l’examen de ces éléments ou des traits linguistiques particuliers indique qu’ils seraient des emprunts aux langues oubanguiennes voisines.

Somme toute, Il apparaît que les particularités linguistiques actuelles au niveau segmental, suprasegmental (que nous n’avons pas abordé) et structural des langues bantoues de l’entre Congo-Ubangi seraient liées, en partie, au contact autant dans le passé qu’au présent avec les locuteurs des langues non bantoues, notamment oubanguiennes.

Les emprunts lexicaux, par exemple, révèlent à la fois des emprunts de bantu vers les langues oubanguiennes et des langues oubanguiennes vers le bantu.

Néanmoins, les preuves historiques et archéologiques sur la date et la nature de ces relations de contact est assez faible et nécessite des études interdisciplinaires dans le futur.